Les fruits grecs victimes de la guerre économique entre l'UE et Moscou
par euronews-fr
La Grèce est touchée de plein fouet par l’embargo sur les produits agricoles européens décidé la semaine dernière par la Russie. A la coopérative de Naussa, dans le nord du pays, des tonnes de pêches sont jetées à la poubelle ou destinée à être utilisés pour produire du jus, à un prix réduit de 90 %. “Pour les pêches, 60 % de la production sont destinés au marché russe, explique Christos Giannakakis, le président de l’Union des coopératives agricoles d’Imathia. Ensuite, en ce qui concerne les kiwis, c’est la moitié qui est destinée à ce marché. Pour les fraises, c’est 90 %. Vous comprenez que le marché russe est notre débouché numéro 1, nous y avons beaucoup investi ces dernières années.”Pour l’heure, les coopératives sont contraintes à conserver les fruits dans des chambres froides. L’Europe offre des prix bien bas et la compétition avec les autres régions du monde est féroce.“3000 tonnes de pêche remplissent à présent les réfrigérateurs de la coopérative agricole de Naussa, rapporte Symela Touchtidou, notre journaliste. Même si les producteurs reçoivent des compensations pour ces stocks, il y aura sûrement des conséquences incalculables dans les mois qui viennent. Les agriculteurs grecs considèrent qu’ils sont les victimes innocentes de la guerre économique entre Bruxelles et Moscou.”Les chauffeurs grecs qui se trouvaient en Roumanie ou en Moldavie quand l’embargo a été décidé ont été obligés de rentrer au pays tandis que leurs homologues russes sont pris au piège à Naussa.“ Je devais charger le camion ici en Grèce, je suis arrivé mais on m’a dit qu’il y a une nouvelle loi, qu’aucun produit grec ne peut être livré, donc je suis revenu au parking et ça fait une semaine que je suis là, sans savoir combien de temps j’aurai encore à attendre” s’inquiète un chauffeur russe. La crise concerne aussi les cerises, les nectarines ou les oranges. Les exportations de fruits grecs se sont élevés à 93 millions d’euros en 2012.“Certains exportateurs ont essayé de limiter les dégâts en vendant à des marchés similaires comme l’Ukraine, le Bélarus, la Pologne ou la République tchèque. Ils essaient même de vendre à moitié prix” témoigne Apostolos Kenanidis, le président du syndicat des chauffeurs de camion. Les cultivateurs espagnols, italiens et français subissent eux aussi les effets ravageurs de l’embargo et attendent de recevoir des compensations de la Commission européenne.
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24 novembre 2024 - leparisien