Législatives en Allemagne: qui pour succéder à Angela Merkel ?
par l'Opinion
Les Allemands sont appelés aux urnes le 26 septembre pour renouveler les membres du Bundestag. La majorité désignera ensuite celui ou celle qui succédera à Angela Merkel. Qui sont les prétendants ? Tour d’horizon avec Luc André, correspondant de l’Opinion à Berlin « Ce quatrième mandat est le dernier en tant que chancelière de la République fédérale d’Allemagne. Lors des élections au Bundestag en 2021, je ne serai plus candidate à la chancellerie ni au Bundestag », déclarait la chancelière allemande Angela Merkel le 29 octobre 2018. Les Allemands sont appelés aux urnes le 26 septembre pour élire leurs députés. La majorité désignera ensuite le chancelier ou la chancelière qui succédera à Angela Merkel. Qui sont les candidats à sa succession ? Luc André, correspondant de l’Opinion à Berlin : « Alors trois personnalités se détachent pour briguer la succession d’Angela Merkel. D’abord le candidat des conservateurs, donc de la même famille politique qu’Angela Merkel, il s’agit d’Armin Laschet, le patron de la CDU depuis le début de l’année. C’est le tenant d’une ligne modérée, un héritier idéologique de l’actuelle chancelière. Armin Laschet se veut rassembleur à la tête de la région qu’il préside dans l’ouest de l’Allemagne, il associe toutes les tendances de son parti. Le natif d’Aix-la-Chapelle a l’Europe dans le sang, il a grandi à proximité de la frontière belge et néerlandaise et se montre relativement francophile. Deuxième, dans l’ordre de probabilité, on trouve l’écologiste Annalena Baerbock. A 40 ans, la co-cheffe des Verts incarne une nouvelle génération. Elle mise notamment sur l’urgence climatique qui a été remise au premier plan avec les graves inondations du mois de juillet pour créer l’événement, c’est-à-dire faire accéder les écologistes à la chancellerie, ce qui serait une première en Allemagne. Annalena Baerbock a un petit handicap : elle n’a jamais gouverné, ni au niveau régional ni au niveau national, elle a un simple mandat de députée depuis 2013. Alors il n’est pas impossible qu’on la retrouve au gouvernement même si les Verts ne gagnent pas la chancellerie, car l’alliance entre les conservateurs et les écologistes a les faveurs des pronostics à la vue des sondages depuis le début de la campagne. Derrière Armin Laschet et Annalena Baerbock, on trouve le ministre fédéral des Finances, Olaf Scholz. Le social-démocrate a d’ailleurs été le premier à se lancer dans la course à la succession d’Angela Merkel, il a annoncé sa candidature en août 2020. Et malgré des sondages pas forcément très favorables de sa formation, qui est pénalisé par l’aura de Merkel au gouvernement, Olaf Scholz ne lâche pas le morceau. Ses communicants le positionnent en héritier de Merkel pour tenter d’aller gagner des voix au centre. Il mise particulièrement sur son profil très technocrate, très sobre, avec des prises de position relativement modérées, qui peuvent aussi séduire un certain électorat à droite. » Quel est le mode de scrutin pour ces élections législatives ? Luc André : « En Allemagne, on n’a pas une mais deux voix pour les législatives car le système est un mélange de scrutin proportionnel et de scrutin majoritaire. 299 députés sont élus au scrutin direct à un tour dans des circonscriptions, comme en France. Et les autres sont élus à la proportionnelle sur des listes régionales. Donc il faut faire deux croix sur le bulletin en Allemagne. Mais attention, pour obtenir des députés, les partis doivent réunir au moins 5 % des voix sur le plan national ou remporter trois circonscriptions. En théorie, 299 députés sont élus au scrutin direct, 299 à la proportionnelle, ce qui fait 598 sièges. Sauf que depuis 1990, le Bundestag dépasse allègrement ce chiffre. On compte, par exemple, depuis 2007, 709 députés. Alors comment en est-on arrivé là ? Ça tient au système de scrutin avec ces deux voix. Pour répartir les sièges, c’est la voix à la proportionnelle, la seconde voix, qui est déterminante. On regarde le nombre d’élus directs et on complète avec la liste à la proportionnelle. Mais rien ne vous oblige à voter pour les deux partis avec vos deux voix. Ce qui amène à certaines situations où un parti, par exemple les conservateurs d’Angela Merkel qui sont particulièrement concernés par ce phénomène, obtiennent plus d’élus directs en circonscription que ce qu’ils auraient eu droit avec la voix à la proportionnelle. Pour corriger ce déséquilibre, il y a un système de compensation qui fait gonfler les effectifs du Bundestag. On pourrait même dépasser les 800 élus après les législatives de cette année, au grand dam de la Cour des comptes qui réclame une réforme qui pour l’instant n’arrive pas. Et certains chercheurs avancent même que ce système de compensation pourrait fausser le résultat de l’élection car il ne s’enclenche pas dès le premier élu direct de trop mais à partir du troisième seulement. » Quels sont les thèmes qui rythment la campagne ? Luc André : « Les inondations meurtrières du mois de juillet dans l’ouest de l’Allemagne ont remis la question climatique au cœur de la campagne. Alors elle l’était déjà un petit peu avant, dès le début de la campagne au printemps car la transition vers une économie décarbonée est l’un des enjeux majeurs du scrutin. C’est un enjeu pour tous les pays européens et donc pour l’Allemagne, en tant que première puissance économique continentale. L’Allemagne peut se targuer de finances publiques pas trop dans le rouge pour faire les efforts nécessaires. Et donc les partis ont à se positionner sur la manière de faire avancer l’industrie en particulier, qui peut être très polluante dans les spécialités qui sont celles de l’Allemagne, pour arriver à rentrer dans les clous d’une économie décarbonée. La numérisation de l’administration et de l’économie est aussi un gros dossier car l’Allemagne a pas mal de retard dans ces domaines. Et puis il va être aussi question de la reprise post-coronavirus, comme dans tous les pays du continent et de l’adaptation au vieillissement de la population. Ça c’est une spécialité allemande qui se caractérise par une part très importante des personnes âgées dans sa population et ça a des implications pour le financement des retraites, pour le financement de certaines infrastructures et de la structuration du service public, par exemple. » Musique : Titre: Cherry Picking Auteur: Erothyme Source: https://erothyme.bandcamp.com Licence: https://creativecommons.org/licenses/ Téléchargement (8MB): https://auboutdufil.com/?id=576
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