Le sort des pollinisateurs
par euronews-fr
Julián López Gómez, euronews :“Les pollinisateurs, comme les bourdons, sont en déclin en Europe. Quelles sont les causes, les conséquences et surtout les solutions éventuelles ?”Les chercheurs estiment que les causes sont multiples : perte d’habitat, agents pathogènes, espèces envahissantes, pesticides et même changements climatiques. Et les conséquences sont dramatiques, les abeilles et autres pollinisateurs étant les sentinelles des écosystèmes indispensables à leur bon fonctionnement.Le déclin des pollinisateurs a des effets néfastes sur les populations de plantes sauvages, mais aussi sur la production agricole voire la nutrition humaine.“Voici une fraise qui a été très bien pollinisée. Elle a une belle couleur, la bonne taille et est symétrique. Comparons-la avec une fraise mal pollinisée. On constate que cette dernière est plus petite et difforme. Elle n’est pas très attirante et est probablement moins sucrée. Comparons-la avec une fraise mal pollinisée.Les chercheurs d’un projet européen planchent sur le problème pour trouver des solutions.Pour atténuer le déclin des pollinisateurs, ils ont pensé à une option éventuelle à savoir couvrir avec un mélange de fleurs des parcelles de terres situées près de cultures agricoles, afin d’attirer les pollinisateurs et les aider à coloniser de nouveaux espaces.“Nous avons pensé qu’en mettant des espèces de fleurs riches, nous pourrions tirer le maximum de cette terre. Nous pouvons attirer les pollinisateurs ici en utilisant un mélange de fleurs très particulier. Cela va amener différentes espèces comme les bourdons, les syrphes et tous les animaux qui peuvent polliniser les cultures. S’ils se concentrent tous ici, leur nombre va augmenter et ils finiront par se déplacer dans les cultures”, détaille Victoria Wickens, chercheuse en agroécologie à l’Université de Reading.Un travail de recherche sur le terrain, mais aussi en laboratoire semble effectivement prouver que la mesure pourrait être efficace, selon les scientifiques.“Les premiers résultats montrent que les bandes de fleurs attirent les pollinisateurs à hauteur de 500 %. C’est seulement en termes d’abondance. En termes de diversité, nous avons relevé des espèces rares apparaître dans les terres agricoles. Et c’est vraiment excitant, car cela signifie que nous dirigeons les pollinisateurs vers des habitats protégés dans l’agriculture “, continue Jennifer Wickens.Julián López Gómez, euronews :“Pour donner une seconde chance à ces pollinisateurs, les chercheurs ont tenté des expériences encore plus originales, dans des endroits inattendus.”“Nous avons donc ici deux paniers. Un avec des produits qui ne nécessitent pas de pollinisation. Et un autre avec des produits qui nécessitent une certaine forme de pollinisation, par exemple des oranges, du cidre, des poires, du savon, du café et des amandes. Or, sans café, ou chocolat, ou des produits comme des petits pains au chocolat, le petit-déjeuner peut vite paraître un peu terne”, explique Duncan Coston, biologiste à l’Université de Reading.Les experts en pollinisation organisent régulièrement des campagnes de sensibilisation dans les écoles ou dans les supermarchés et ils multiplient les exemples pour que les gens comprennent le rôle clé des pollinisateurs dans la nature et leur impact sur notre vie quotidienne.“C’est une espèce de moucheron qui pollinise la plante de cacao. Donc, sans cette espèce-là, il n’y a pas de chocolat. Ce sont certaines espèces d’abeilles qui pollinisent le café. Donc, sans elles, nous n’aurions pas le café. Le coton a besoin d’insectes pour le polliniser. Donc, sans les pollinisateurs, la quantité et la production de tous ces produits diminueraient considérablement et le coût de ces produits finirait par monter en flèche “, conclut Duncan Coston.Inverser le déclin des pollinisateurs est encore possible, affirment les chercheurs. Reste, disent-ils, que sans nouvelles options d’atténuation, le temps peut être compté.
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