« Dis tonton, est-ce que c’est vrai ce que l’on dit, que le parti Al Nour va forcer les femmes à porter le niqab ? »
« Non, bien sûr, ce n’est pas vrai. Celle qui veut porter le niqab, qu’elle le porte, et celle qui ne veut pas le porter, c’est son choix. Beaucoup d’oulémas lui donnent raison », répond le salafiste.
« Et est-ce que, comme dit maman, le parti Al Nour va empêcher les femmes de travailler et les obliger à rester à la maison ? »
« Non, ça n’arrivera pas, car les femmes sont au cœur de la société. Mais dans leur travail, on préservera leur dignité et leur liberté. »
Puis notre homme prend la petite fille par la main et l’embarque dans un tour de l’Egypte rêvée par les salafistes : « Pour que tu rassures ta maman », lui dit-il. Il l’emmène voir une école et un hôpital, puis la fait monter dans un car très confortable pour aller faire un tour à la campagne. Chaque lieu est propre, bien ordonné, moderne : de quoi ravir l’Egyptien moyen, qui se retrouve chaque jour écrasé par la foule dans un bus poussif, ne peut en général pas se faire soigner faute d’argent, et dont les enfants n’apprennent rien à l’école, dans leurs classes de 50 élèves… Pas sûr que les Egyptiennes, par contre, soient rassurées par le « rêve salafiste » : pas d’institutrices, de doctoresses, ni de paysannes dans le clip d’Al Nour. femmes sont absentes de ce monde parfait. Seules des petites filles apparaissent, pour poser les questions qui taraudent la gent féminine."