Le projet EACOP de TotalEnergie peut-il être vertueux pour le climat comme la firme le prétend ?

par Huffington Post

Un géant du pétrole chahuté. TotalÉnergies a consulté ses actionnaires sur sa stratégie climat lors d’une assemblée générale qui s’est tenue ce mercredi 25 mai. Mais avant le vote qui a finalement été sans appel (89% de vote favorable), tout ne s’est pas passé comme prévu. Des militants écologistes ont tenté d’empêcher la tenue de l’AG. La principale raison de leur colère: TotalÉnergies veut construire le plus grand oléoduc chauffé et enterré du monde dont le coût sera faramineux pour la planète. Eacop (oléoduc du pétrole d’Afrique de l’Est) va sillonner l’Ouganda et la Tanzanie sur plus de 1443kms, soit environ la distance entre Paris et Budapest. Objectif: transporter de l’or noir jusqu’au bord de l’océan Indien pour l’acheminer ensuite plus facilement. Problème, les répercussions de ce projet sur le climat et la biodiversité de ce projet sont nombreuses. Les militants n’ont finalement pas réussi à empêcher cette AG où se sont réunis les grands investisseurs de TotalÉnergies. Parmi eux, Amundi, la société d’investissement du Crédit Agricole, a conclu que la multinationale française n’a pas de plan climat compatible avec l’urgence du dérèglement climatique. “Le bon sens voudrait donc que les investisseurs votent contre ce greenwashing”, écrit Lucie Pinson, fondatrice et directrice de Reclaim Finance, sur Politis. Le “greenwashing” mentionné par Lucie Pinson se traduit par des promesses de TotalÉnergies contredites par les associations et ONG environnementales. La première promesse de la multinationale: que ce projet soit à faible impact carbone. En réalité, Eacop c’est 34 millions de tonnes de CO2 rejetés par an, soit six fois les émissions de l’Ouganda. Ce qui lui vaut le surnom -donné par ses détracteurs- de “bombe de carbone” incompatible avec l’Accord de Paris sur le Climat. L’Agence internationale de l’Énergie est claire: aucun nouveau projet pétrolier et gazier ne doit sortir de terre dans un scénario à 1,5 degré. TotalÉnergies assure aussi que ce projet a un impact positif sur la biodiversité. La firme prétend rendre le site dans un meilleur état qu’avant les travaux. Elle va aussi financer la réintégration d’animaux sauvages en Ouganda, comme le rhinocéros noir. Une bonne nouvelle pour le rhinocérotidé, mais qui masque difficilement le fait que l’oléoduc va traverser 16 aires protégées dans les deux pays qui abritent notamment des lions, des antilopes et des singes. Par ailleurs, l’oléoduc longera les deux plus grandes réserves d’eau douce de l’Afrique de l’Est, les lacs Victoria et Albert. Concernant ce point, TotalEnergies assure qu’“une attention particulière a été accordée aux cours d’eau, et le forage horizontal sera utilisé pour les cas les plus sensibles.” Les ONG pointent surtout qu’en cas de fuite, il y a un risque de marée noire. Un danger immense alors que 40 millions de personnes dépendent de l’eau du lac Victoria. Le projet vise enfin, selon TotalÉnergies, à contribuer à améliorer la qualité de vie des personnes vivant sur place. Dans les faits, 18.000 personnes vont être affectées par le projet et parmi elles, 723 familles devront quitter leur foyer. Même si TotalÉnergies leur promet de l’argent ou une nouvelle maison, les victimes du projet déplorent des compensations bien financières trop faibles. D’autant plus que l’argent ne résout pas la pollution des sols liée à l’extraction du pétrole. L’agriculture va devenir de plus en plus compliquée dans ces pays qui en sont dépendants pour vivre. C’est pour toutes ces raisons que plus de 250 ONGs du monde entier ont appelé les patrons de 25 banques à ne pas participer aux prêts destinés à financer la construction de l’oléoduc. Ce mercredi, les actionnaires ont finalement soutenu la firme. Mais pour la première fois, des entreprises se sont opposées à la stratégie climat du géant pétrolier. ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/

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