Le prélèvement à la source, un piège pour le gouvernement ?
par Ça Zap - Zapping TV
Le prélèvement à la source, un piège pour le gouvernement ? Il pourrait citer Molière dans Les fourberies de Scapin. « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » Pour Emmanuel Macron, quelle que soit la décision prise pour le prélèvement de l'impôt à la source, la note s'annonce salée sur le plan politique. Et handicape un peu plus sa rentrée. Une valse-hésitation sur le prélèvement à la source qui donne le tournis. En quelques jours, il y a eu trop de messages contradictoires émis par le Premier ministre, puis par le président de la République et enfin, par le ministre en charge de l'Action et des comptes publics. Les trois hommes se rencontrent en fin de matinée pour aborder le sujet. Comme le ver dans le fruit, le doute s'est immiscé. On ne sait plus si la question est technique, politique ou économique. Désastreux à quatre mois d'une réforme qui concerne un sujet hautement inflammable : celui de la fiscalité. En tranchant cette question en 2015, François Hollande n'avait pas fait preuve d'audace. Il avait simplement repris une idée d'abord émise par Valéry Giscard d'Estaing puis reprise par Michel Rocard, Dominique de Villepin et enfin Jean-Marc Ayrault. Tous avaient buté sur les réserves de l'administration fiscale, des obstacles techniques ou des craintes plus politiques. Illustrant ainsi cette singularité très française qui consiste à remettre à plus tard toute réforme liée à la fiscalité. Tout plaide pourtant pour la mise en place du prélèvement à la source. Il fait déjà partie du quotidien dans la plupart des pays industrialisés, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis depuis 1943. Difficile de reculer Son entrée en service simplifiera la vie des contribuables en évitant les à-coups de trésorerie et en s'adaptant à leur situation en temps réel. C'est aussi une bonne affaire pour l'État en matière de trésorerie. Jusqu'à cette dernière ligne droite, le dossier semblait bien géré. Il avait pris en compte les critiques les plus sévères. Permettant, à ceux qui ne souhaitaient pas dévoiler l'intégralité des revenus de leur foyer fiscal à l'employeur, d'opter pour un taux neutre. Ou, pour les très petites entreprises, de déléguer ce recouvrement à l'Urssaf. Et enfin reporter de quelques mois la question des employeurs à domicile. Techniquement, en dépit de l'échec cuisant en 2011 du logiciel Louvois pour la gestion de la paie des armées, le dossier semblait maîtrisé. C'est du moins ce que maintient avec force Gerald Darmanin. Difficile aussi de reculer. Le prélèvement a déjà coûté cher à l'État : 300 millions d'euros depuis trois ans. Sans compter la campagne de communication lancée par le gouvernement en direction des contribuables : 10 millions d'euros. Reste la question politique qui illustre les ambiguïtés du « et en même temps » si séduisant en campagne électorale. Comme Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron veut être à la fois le Président du pouvoir d'achat et celui de la transformation de l'État. Mais les mesures adoptées, complexes dans leur mise en œuvre, étalées dans le temps peinent à convaincre les contribuables dans un contexte marqué par la hausse du prix des carburants ou des cigarettes. L'impression que l'État reprend d'une main ce qu'il donne de l'autre s'est installée. Au mois de janvier, le prélèvement à la source devrait mettre les Français face à la réalité de leur pouvoir d'achat en commençant l'année avec du moins sur leur feuille de paye. Et cela, à quelques semaines des élections européennes. Difficile pour autant de reculer.
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