Le bitcoin fête ses dix ans : qu'est-ce que cette « cryptomonnaie » dont tout le monde parle ?

par Kangai News

Le bitcoin fête ses dix ans : qu'est-ce que cette « cryptomonnaie » dont tout le monde parle ? En dix ans, le bitcoin a réussi le tour de force de se faire une place dans le monde financier et sur la scène médiatique. Encore inconnue du grand public, cette monnaie virtuelle, inventée pour contourner l'hégémonie des banques sur les règles monétaires, est l'objet de toutes les spéculations. Mais qu'est-ce que le bitcoin ? Que vaut-il, comment en obtenir et pour acheter quoi ? Le 31 octobre 2008 naissait le bitcoin, la première monnaie virtuelle décentralisée. Dix ans plus tard, la principale cryptomonnaie nourrit un complexe écosystème mais peine toujours à convaincre dans la sphère économique. Dès sa première évocation en 2008, le bitcoin porte une vision politique. Apparu dans un livre blanc écrit par Satoshi Nakamoto, un pseudonyme dont la véritable identité reste inconnue, l'objectif affiché est d'utiliser un système de registre décentralisé, la « blockchain », pour « effectuer des paiements en ligne directement d'un tiers à un autre sans passer par une institution financière ». Cette ambition est alors nourrie par la faillite de la banque Lehman Brothers, survenue un mois plus tôt, qui a jeté le discrédit sur les « monnaies traditionnelles où une petite élite de banquiers s'enrichit beaucoup, établit les règles monétaires et les impose à tout le monde », souligne Pierre Noizat, qui a fondé la première plateforme française d'échange de bitcoins en 2011. Depuis quand ça marche ? Après sa création, le bitcoin évolue pendant plusieurs années hors des radars du grand public, n'intéressant guère que les geeks ou les blanchisseurs d'argent sale. En 2013, le bitcoin qui ne valait quasi-rien au départ dépasse pourtant les 1 000 dollars et commence à attirer l'attention des institutions financières. La Banque centrale européenne évoque un dangereux fonctionnement à la « Ponzi », quand le patron de l'époque de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, salue à l'inverse son potentiel. L'année 2017 constitue d'ailleurs un « tournant », pour Pierre Noizat, la sulfureuse cryptodevise passant de moins de 1 000 dollars pour un bitcoin à plus de 19 500 dollars mi-décembre, selon des chiffres compilés par Bloomberg. La capitalisation totale du bitcoin dépasse temporairement les 300 milliards de dollars, selon le site spécialisé Coinmarketcap. Celle de toutes les cryptomonnaies confondues dépasse même les 800 milliards début janvier 2018, avant que la bulle n'éclate et ne ramène progressivement la valeur du bitcoin autour de 6 400 dollars. Comment ça marche ? Le bitcoin est une cryptomonnaie décentralisée qui ne repose donc pas sur une autorité comme c'est le cas des devises traditionnelles, gérées par les banques centrales. Pour garantir la fiabilité des échanges, le bitcoin utilise la blockchain, ou chaîne de blocs, un registre partagé en continu entre des milliers d'utilisateurs. Un bloc est émis toutes les dix minutes environ et comprend le détail des dernières transactions effectuées. Il contient également un « résumé » du bloc précédent, consistant en une suite de caractères obtenue grâce à une fonction informatique. Si un ancien bloc venait à être modifié, alors le résumé serait également altéré, ce qui obligerait à modifier le bloc suivant, etc. Pour pouvoir trafiquer la blockchain, il faudrait donc modifier l'intégralité des blocs (plus de 545 000) et convaincre la majorité des utilisateurs détenant une copie de la blockchain d'accepter la nouvelle version. Une tâche en théorie impossible. Comment en obtenir ? Il existe deux moyens d'obtenir des bitcoins. Historiquement, il fallait « miner », c'est-à-dire effectuer des calculs informatiques qui donnaient lieu à une récompense en bitcoins. Car pour assurer la stabilité de la blockchain, il faut qu'un certain nombre de machines en détiennent des copies et soient connectées au réseau. Pour vérifier leur présence, le système leur soumet une énigme informatique nécessitant de la puissance de calcul. La machine venant à bout de l'énigme gagne le droit de valider un nouveau bloc et est récompensée en bitcoins pour cette action. Mais avec la flambée des cours, le nombre de mineurs s'est accru et les probabilités d'être l'heureux élu se sont considérablement réduites. Aujourd'hui, miner demande du matériel dernier cri et les dépenses d'électricité engendrées par l'activité peuvent largement excéder les revenus gagnés. Quiconque veut acquérir des bitcoins peut également passer par une plateforme d'échange et en acheter en utilisant des monnaies traditionnelles. Les fonds sont ensuite détenus sur un portefeuille virtuel protégé. Mais de nombreux piratages ont jeté le doute sur la sécurité de ces plateformes et il est recommandé de placer ses fonds sur un portefeuille déconnecté. Pour acheter quoi ? Aux débuts du bitcoin, la cryptomonnaie était majoritairement utilisée sur le dark net (face cachée de l'Internet dont le contenu n'est pas indexé par les moteurs de recherche classiques) pour acheter des produits illicites tels que de la drogue ou des armes. Au fil du temps, alors que sa renommée n'a cessé de grandir, plusieurs restaurants et boutiques se sont mis à accepter les bitcoins, le plus souvent dans les grandes villes. Certains sites de commerce en ligne s'y sont également mis. Mais plusieurs entreprises ont fait marche arrière, comme Valve, un distributeur de jeux vidéo. La volatilité de la cryptomonnaie reste un frein à son adoption et de nombreux possesseurs l'utilisent comme un outil spéculatif. Autre principal obstacle : le temps de validation de la transaction. Selon l'engorgement du réseau, la confirmation du paiement peut prendre entre quelques minutes et plusieurs heures. Le bitcoin pourrait-il remplacer l'argent réel ? Si l'idée de départ était de faire du bitcoin un moyen d'échange, la majorité des observateurs reconnaît qu'il est surtout utilisé comme réserve de valeur ou instrument de spéculation, du fait de sa volatilité. Même les adeptes de la cryptomonnaie le reconnaissent : nous sommes encore loin d'une adoption de masse du bitcoin comme moyen d'échange, et si jamais elle advient, ce ne sera pas avant plusieurs années. Ces derniers mois, le possible lancement aux États-Unis d'un fonds indiciel adossé au bitcoin a suscité l'espoir des investisseurs, qui y voient le meilleur espoir d'un nouvel envol des cours. Le bitcoin, né pour contourner le système financier, va-t-il finalement l'intégrer ? Le gendarme boursier américain (la Security and Exchange Commission ou SEC) a pour l'instant refusé toutes les demandes, motivant ses décisions en invoquant des risques de fraudes. Une nouvelle décision concernant un des projets, jugé par les commentateurs comme le plus sérieux, doit être annoncée dans les prochains jours.

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