Le billet décalé de Calixte de Nigremont : quand reverrai-je…
par Ouest France
Ou « cinq siècles de poésie »… Chaque semaine, Calixte de Nigremont commente l’actualité joyeusement en imaginant ce que serait un Anjou indépendant. L’on célèbre, cette année, les 500 ans de la naissance de Joachim du Bellay et vous imaginez bien que si l’on avait quelqueidée de la date d’anniversaire du poète de La Pléiade (ce qui n’est absolument pas le cas, on est à peine sûr qu’il est bienné en 1522), je serais le premier à lancer une pétition pour que l’Anjou fasse, évidemment, de ce jour une fête nationale(fériée, cela va de soi) au même titre que les Américains fêtent Thanksgiving, que la Chine célèbre le 1er mai ou que la Suèdecommémore la victoire d’Abba à L’Eurovision. Or donc, à défaut de pouvoir, chaque année, fêter la Saint Joachim du Bellay, héros littéraire de notre nation (il nous fautbien considérer que si le français est la langue de Molière, l’allemand, celle de Goethe et l’anglais, celle de Shakespeare,les Angevins parlent la langue de Joachim) nous pouvons nous consoler en célébrant, avec un éclat particulier ces 500 ans. C’est l’occasion d’aller s’incliner devant les ruines du château familial de la Turmelière à Liré car, si, sans du Bellay,la douceur ne serait pas un monopole angevin, sans l’auteur des Regrets, le « petit Liré », lui, ne serait qu’une riante – mais discrète – bourgade des Mauges au lieu de quoi, Liré est une manière de capitale littéraire de l’Anjou (en tout cas pasmoins que le Saint-Florent-le-Vieil de Julien Gracq ou le Rochefort de l’école poétique du même nom). Il ne manquera pas de se trouver quelques esprits chagrins pour trouver bien futile cet intérêt pour un poète né il y a cinqsiècles alors que nous vivons dans un monde dont chaque jour montre la brutalité. Il ne manquera pas de se trouver quelquesmatérialistes pour fustiger l’obsolescence désuète des vers de notre figure (poétique) tutélaire. Aussi, alors que l’on apprendque plus de deux millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, noyés sous les bombes russes, me bornerai-je à rappeler l’actualitéde quelques-unes des lignes les plus fameuses de notre Joachim… Quand reverrai-je, hélas, de mon petit villageFumer la cheminée, et en quelle saisonReverrai-je le clos de ma pauvre maison,Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
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