La Turquie en difficulté économique.

par Ça Zap - Zapping TV

En conflit avec les États-Unis, la Turquie tente d'enrayer la débâcle de la livre qui a chuté ce vendredi 10 août. La banque centrale turque a notamment indiqué qu'elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les « mesures nécessaires » pour assurer la stabilité financière. La Turquie, plongée dans une crise monétaire qui inquiète le monde économique, a annoncé lundi 13 août des mesures pour soutenir la livre qui s'effondre sur fond de tensions avec les États-Unis, accusés par le président Recep Tayyip Erdogan de « frapper dans le dos » leur allié turc. Dans l'espoir de rassurer les marchés, la banque centrale de Turquie a indiqué ce lundi qu'elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les « mesures nécessaires » pour assurer la stabilité financière. Ces annonces surviennent après que la livre turque, qui a perdu cette année plus de 40 % de sa valeur face au dollar et à l'euro, s'est effondrée vendredi 10 août, faisant souffler un vent de panique sur les marchés à travers le monde. La Bourse de Tokyo a ainsi fini en forte baisse lundi (-1,98 %), gagnée par la fébrilité venue de Turquie depuis le « Vendredi noir » pour la livre qui a perdu ce jour-là quelque 16 % de sa valeur face au dollar. Déclarations chocs, sanctions, menaces de représailles, puis doublement des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium turc : les tensions entre les deux alliés au sein de l'Otan sont allées crescendo ces derniers jours, emportant la livre turque. La banque centrale turque se veut rassurante Dans les premières heures en Asie lundi, la livre turque a chuté à un nouveau plus bas historique, franchissant pour la première fois la barre des 7 livres contre un billet vert, avant d'effacer une partie de ses pertes dans la foulée de l'annonce de la banque centrale. Elle s'échangeait à 6,65 pour un dollar à 06H30 GMT. La banque centrale turque a révisé les taux de réserves obligatoires pour les banques, dans le but d'éviter tout problème de liquidité, et indiqué qu'environ 10 milliards de livres, 6 milliards de dollars et l'équivalent de 3 milliards en or de liquidités seraient fournis au système financier.Le pasteur américain à l'origine du conflit Au cœur de cette bataille : le sort du pasteur américain Andrew Brunson, actuellement jugé en Turquie pour « terrorisme » et « espionnage », placé fin juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention. « Nous affrontons de nouveau un complot politique en sous-main. Avec l'aide de Dieu, nous surmonterons cela », a lancé dimanche 12 août le chef de l'État turc. Les États-Unis demandent la libération immédiate du pasteur Brunson qui risque jusqu'à 35 ans de prison, alors que la Turquie plaide pour l'extradition de Fethullah Gülen, prédicateur turc établi depuis près de 20 ans sur le sol américain et soupçonné par Ankara d'être l'architecte du putsch manqué de juillet 2016. « Avec l'aide de Dieu » Le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, qui est par ailleurs le gendre de Recep Tayyip Erdogan, avait tenté de rassurer dimanche soir en annonçant que la Turquie dévoilerait lundi une batterie de mesures visant à stabiliser la livre. Avant lui, le président Erdogan a multiplié les coups de menton en direction de Washington, mettant la crise monétaire sur le compte d'un « complot politique » américain et affirmant qu'Ankara chercherait « de nouveaux marchés et alliés ». Si Washington est prêt à sacrifier ses relations avec Ankara, la Turquie réagira « en passant à de nouveaux marchés, de nouveaux partenariats et de nouveaux alliés, aux dépens de celui qui a lancé une guerre économique contre le monde entier, y compris notre pays », a-t-il menacé. Il a laissé entendre que c'était l'ensemble de l'alliance entre la Turquie - devenue membre de l'Otan en 1952 avec le soutien de Washington - et les États-Unis qui était en jeu. Erdogan n'a pas semblé outre mesure inquiet de la décision du président Donald Trump, annoncée dans un tweet vendredi, de doubler les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs. I have just authorized a doubling of Tariffs on Steel and Aluminum with respect to Turkey as their currency, the Turkish Lira, slides rapidly downward against our very strong Dollar! Aluminum will now be 20% and Steel 50%. Our relations with Turkey are not good at this time! - Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 10 août 2018 Erdogan a la mainmise sur l'économie turque Outre ces tensions, les économistes s'inquiètent de la mainmise sur l'économie de Erdogan qui s'est renforcée après sa réélection en juin dernier. « Avec une économie surchauffée et endettée, la Turquie aura besoin de politiques économiques crédibles et orthodoxes, de discipline budgétaire et de l'indépendance de la banque centrale pour inverser la situation actuelle », explique à l'AFP Agathe Demarais, de l'Economist Intelligence Unit, jugeant « peu probable » une normalisation dans l'immédiat des relations avec Washington. Huseyin Yigit, un enseignant interrogé à Istanbul, affirme avoir perdu 20 à 25 % de son pouvoir d'achat. « Que je le veuille ou non, je dois trouver un plan B », dit-il, avouant ne pas savoir quoi faire. Les marchés exhortent la banque centrale à redresser davantage ses taux pour soutenir la livre et maîtriser une inflation galopante qui a atteint près de 16 % en juillet en glissement annuel.

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