La série “Parlement” illustre le poids des lobbies à Bruxelles
par Huffington Post
SÉRIE TÉLÉ - Ce 9 mai est synonyme de journée de l’Europe... et surtout du retour de Parlement. La comédie sur les institutions européennes revient ce lundi avec une saison 2 disponible sur france.tv. Dans le même temps, France 5 diffuse à 21h00 la première saison de la série qui avait séduit plus de 2 millions de curieux sur la plateforme FranceTV Slash en avril 2020. À cette occasion, Le HuffPost a proposé à Adrien Le Louarn, assistant parlementaire à Bruxelles de décrypter, dans une vidéo à voir en tête de cet article, la série qui met à l’honneur ce rôle crucial des travailleurs de l’ombre. Dans cette co-production franco-allemande, Samy (Xavier Lacaille) incarne un jeune assistant parlementaire du député Michel Specklin (Philippe Duquesne) qui semble tout aussi perdu au Parlement que son nouvel assistant. Ensemble, ils vont tenter de défendre un amendement interdisant le finning, le découpage d’ailerons de requin. Mais ils vont se frotter aux jeux de pouvoirs et à la pression des lobbies qui défendent des intérêts privés. La série rappelle déjà à quel point lobbyistes et parlementaires se côtoient quotidiennement puisque les groupes de pression ont accès au bâtiment s’ils sont inscrits sur le registre de transparence, une liste publique bien réelle qui répertorie les différents groupes de pression à Bruxelles. Ils sont peu plus de 12.000 en date du 9 mai 2022. Si les rencontres ne se font jamais par hasard, comme c’est le cas dans la série avec Samy, elles se font bien à la cafétéria du Parlement, lieu majeur de l’institution qui porte un nom pourtant hautement improbable. “Il y a un décalage complet puisque la cafétéria principale du Parlement européen s’appelle le ‘Mickey Mouse Bar’”, ironise Adrien Le Louarn, qui travaille pour la députée Manon Aubry, co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen. “Derrière ce nom enfantin et sympathique, ce lieu permet en fait à l’industrie du tabac de faire passer ses idées puisque c’est dans ces fauteuils multicolores que les lobbyistes vont discuter de sujets très importants avec les députés.” Dans Parlement, Guido Bonafide (Nicollo Senni), le lobbyiste qui défend les intérêts des pêcheurs, va jusqu’à rédiger des amendements à la place des députés, les soumettant directement à Samy l’assistant parlementaire. Là encore du déjà-vu à Bruxelles. “Cette scène montre à quel point les lobbyistes sont déterminés pour défendre leurs intérêts en écrivant quand ils en ont besoin, des amendements clé en main à un paquet de députés”, explique Adrien Le Louarn, qui tempère toutefois en précisant que ces lobbies ne peuvent pas agir seuls. “Si ces amendements finissent par être présentés et adoptés, c’est grâce à la complicité de certains députés qui acceptent de les défendre. Sans ce relai dans l’hémicycle le pouvoir des lobbies est nul.” Ce poids des lobbies sur les votes au Parlement a encore fait l’actualité le 3 mai dernier avec la polémique autour de l’interdiction de la pêche au chalut. L’eurodéputé LREM Pierre Karleskind, président de la commission de la Pêche du Parlement européen, a tout fait pour préserver cette pratique décriée, déposant un amendement visant à n’interdire les techniques de pêche destructrices que dans les zones de protection stricte... Ce qui est déjà le cas en France. Un amendement jugé “hypocrite” par l’ONG Bloom, estimant qu’il s’agissait typiquement ”de celui du lobby de la pêche industrielle chalutière bretonne.” Pour influencer la politique au niveau européen, les lobbies peuvent compter sur un levier d’action majeur: les portes tournantes. Une expression pour qualifier les anciens assistants parlementaires, députés ou commissaires européens qui finissent par passer de l’autre côté de la barrière, en devenant lobbyiste. C’est le cas de Rose (Lize Kingsman) dans Parlement, qui défend les intérêts des banques après avoir démissionné de son poste d’assistant parlementaire d’une députée britannique pro-Brexit. Pour Adrien Le Louarn, ce phénomène est l’un des plus grands fléaux du Parlement à l’heure actuelle. “Ces gens-là sortent du public avec un carnet d’adresses et une expérience de comment fonctionne la machine bureaucratique. Ils vont pouvoir mettre au service des intérêts privés toutes ces compétences acquises, comme pour le lobby du tabac, ou des multinationales.” Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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