La proportionnelle aux élections législatives, ça changerait quoi ?
par Huffington Post
Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont loin d’être d’accord, mais il y a un sujet qui les rapproche, c’est la proportionnelle. Les deux candidats souhaitent instaurer ce mode de scrutin pour de futures élections législatives. Les Français élisent leurs 577 députés au scrutin majoritaire à deux tours, comme c’est le cas pour la présidentielle. Dans chaque circonscription, le candidat qui obtient le plus de voix au second tour est déclaré vainqueur, et les autres sont éliminés. Les élections législatives reposent sur ce système depuis 1958, lorsque l’objectif était de tourner la page de la IVe République et de son instabilité politique. Mais c’est aussi aujourd’hui ce qui est reproché à ce mode de scrutin: on l’accuse de donner toute la place aux gros partis, de ne pas représenter fidèlement le vote des électeurs et d’évincer les autres sensibilités politiques. En 2017, En Marche et le Modem ont par exemple récolté à eux deux 49% des voix au second tour, et obtenu 350 sièges soit 60 % de l’hémicycle. Du côté du Rassemblement national, le parti a rassemblé 8,75% des voix au second tour, mais seulement 8 sièges à l’Assemblée, soit 1,4% des sièges. Le traumatisme de 1986 Concrètement, avec la proportionnelle qui est d’ailleurs déjà utilisée pour l’élection des conseillers régionaux par exemple, chaque parti serait amené à proposer non pas un candidat par circonscription, mais une liste de candidats. Si un parti obtient par exemple 15% des voix, 15% des membres de sa liste siègent à l’Assemblée nationale. Un tel système est incontestablement plus fidèle au vote des Français, mais l’obtention d’une majorité absolue pour un parti est alors beaucoup plus difficile. Par ailleurs, ses détracteurs alertent aussi sur le risque d’envoyer à l’Assemblée nationale des députés hors sol, sans ancrage territorial. Marine Le Pen souhaite appliquer la proportionnelle aux deux tiers des députés, les autres seraient toujours élus au scrutin majoritaire. Emmanuel Macron se dit, quant à lui, ouvert à une proportionnelle intégrale. Il s’était déjà engagé en 2017 à injecter une dose de proportionnelle, mais la réforme a constamment été reportée avant d’être enterrée. Quoi qu’il en soit, l’introduction de la proportionnelle aux législatives est un éternel serpent de mer, qu’une grande partie de l’échiquier politique propose depuis des années… sans jamais l’appliquer. Peut-être parce que l’année 1986 reste un traumatisme : c’est la seule fois où les législatives ont eu lieu à la proportionnelle. Résultat : la coalition de droite n’obtient qu’une courte majorité absolue, et 35 députés Front National font leur entrée à l’Assemblée.
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