La forêt du Gâvre est-elle menacée par la surexploitation en Loire-Atlantique ?

par Presse Océan

En septembre 2019, Jean-Louis Potin a participé à la création des Amis de la forêt. L’association défend une exploitation raisonnée de la forêt du Gâvre, la seule forêt domaniale de Loire-Atlantique qui, selon lui, est victime de surexploitation.Les griefs énoncés à l’encontre de l’ONF sont nombreux. Jean-Louis Potin,  évoque le passage tous les six ans dans les parcelles pour les éclaircir, les nouveaux engins de 32 tonnes mis en œuvre par les forestiers et qui « minéralisent le sol »​, sans oublier l’enrésinement, « c’est-à-dire à remplacer les chênes et les hêtres par des pins maritimes ou sylvestres parce que ça pousse plus vite. Mais c’est catastrophique pour les champignons. Les résineux favorisent la pousse de la guinche et de la bruyère qui étouffent tout ».Autre source d’inquiétude pour les défenseurs de la forêt, la récupération des branchages. « Je fais du bois en forêt du Gâvre depuis de nombreuses années. On nous a toujours dit qu’il ne fallait pas prendre les branches dont le diamètre est inférieur au cul d’une bouteille. Aujourd’hui les marchands de bois prennent tout. Ils ne laissent rien pour permettre la reconstitution de l’humus alors qu’on accuse les mycologues d’abîmer les sous-sols en les piétinant ». Et le projet Ecocombust à Cordemais et le développement des poêles à pellets ne les rassurent pas. « Aujourd’hui, les forestiers raflent tout. Et ils coupent de plus en plus ras. Mais on a besoin des arbres pour le CO2 », tempête Jean-Louis Potin.L'Office national des forêts (ONF)La gestion de la forêt domaniale du Gâvre, confiée par l’État à l’Office national des forêts (ONF) est assujettie au respect du programme d’aménagement établi tous les 20 ans. Celui en cours expirera en 2027. C’est lui qui fixe les orientations en matière d’exploitation du massif forestier.Le directeur régional de l’ONF, Nicolas Jannault, est plus que surpris par les affirmations du co-président de l’association des Amis de la forêt qui parle d’un rendement par hectare et par an ne correspondant pas aux attentes. « On est plutôt sur 5 m³ par hectare et par an, conformément à ce qui est prévu dans le plan d’aménagement ».Îlot de vieillissementLe directeur défend sa gestion. « Quand on récolte un chêne, il a en moyenne 180 ans. Mais on préserve également quelques parcelles de vieillissement avec des chênes de 270 ans ». C’est vrai dans le secteur du Pilier (parcelles 32, 33, 34 et 35), « sans doute la partie la plus ancienne de la forêt » où les coupes ont débuté il y a 10 ans. « Le forestier fait entrer progressivement la lumière pour permettre aux semis naturels de grandir ». Les coupes vont s’étendre encore sur 10 ans et les grands arbres vont progressivement « laisser leur place à une nouvelle génération »​. Pour Nicolas Jannault, ces jeunes peuplements sont bons pour la biodiversité : flore et faune confondues. Il rappelle la mise en place d’un îlot de sénescence où les arbres sont laissés « jusqu’à leur écroulement ».Le directeur de l’ONF évoque également la parcelle 61, classée îlot de vieillissement « car elle abrite un sentier très prisé du public. Ici le forestier laisse les arbres vieillir mais lorsque ceux-ci commencent à dépérir et que les arbres peuvent représenter un danger pour les promeneurs, ils sont enlevés. En 2021, 86 arbres ont été enlevés. Pour être évacuées, certaines grumes ont été coupées en deux. Leur nombre est donc supérieur au nombre d’arbres coupés ».▶ L'INFO EN PLUS : Le transfert d’un parcours santé contesté« Transmettre dans le meilleur état possible »Quant à l’enrésinement, « commencé au XIXe siècle sur des parcelles de landes où le chêne ne pousse pas »​, il permet, comme sur la parcelle 183, « une gestion smart » avec de jeunes chênes qui prospèrent à l’abri des pins. « Sur cette station, le sol est ingrat, des conditions qui ne sont pas optimums pour les jeunes chênes. Les pins en nombre vont permettre de pomper l’eau et limiter l’engorgement du sol. En le privilégiant durant ces premières années, le pin va pousser plus vite que le chêne et le protéger de la dent du gibier ».Et Nicolas Jannault de conclure : « Notre objectif est de transmettre le patrimoine forestier aux générations futures dans le meilleur état possible ».

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