La dictature bullshit words en management [Benoît Heilbrunn]
par GroupeXerfi
On entend malheureusement trop souvent des individus dire qu'il n'est plus possible de penser en entreprise. Comme si le temps de réfléchir venait à manquer dans une société vouée au diktat de l'urgence et de l'accélération. Pourtant, s'il y a bien un lieu où il semble nécessaire de penser, c'est l'entreprise. Mais parler, n'est-ce pas, qu'on le veuille ou non traduire une pensée ou trahir une absence de pensée. Parler pour ne rien dire signe toujours une défaite de la pensée. Je ne parle pas ici du bullshit et de la dégoulinade de bons sentiments qui ponctuent les pauses café et autres moments partagés dans les tisaneries. Il n'y a pas que le moi qui soit haïssable. Il y a aussi des mots que nous employons machinalement dans les conversations quotidiennes, ces mots qui sont devenus toxiques à force de tourner dans toutes les bouches. Ces mots qui empêchent de penser et auxquels Samuel Piquet, talentueux journaliste à Marianne, consacre un savoureux dictionnaire, Le dictionnaire des mots haïssables. On y troue bien évidemment Overbooké, symboles par excellence des futilités, de pensées parasites et d'anglicismes inutiles. Ou bien présentiel calqué sur l'anglais presential et qui n'est employé que par des gens avec qui on ne devrait avoir des conversations qu'en distanciel. [...]
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