La chronique de Calixte de Nigremont : à deux heures d'ici (et d'ailleurs) ou Les bons Mayennais…
par Ouest France
S’il serait du dernier calomnieux d’affirmer que la convoitise, l’aigreur et l’envie la plus mesquine sont les fondements du mouvement pour l’indépendance de l’Anjou (d’autant que ce serait singulièrement oublier l’appât du gain et l’attrait de l’argent facile), reconnaissons que l’actualité nous a plongé, cette semaine, dans un état de jalousie à côté duquel Othello fait figure d’habitué des clubs échangistes. Notre Iago à nous est mayennais : L’on nous apprend que, à l’initiative de Samuel Tual, son coruscant président, le groupe d’intérim lavallois Actual, vient de lancer sa compagnie aérienne. Air Mayenne, basé sur l’aéroport (aérodrome ?) de Laval et de la Mayenne, entend proposer des vols à destination d’à peu près toute l’Europe à bord d’un petit avion de six voyageurs dont on nous dit qu’il est économe en carburant et quasi (n’exagérons quand même pas) respectueux de l’environnement. Jetons un voile pudique sur le coût du voyage, dont on devine que l’heure de vol équivaut au plein de carburant d’un paquebot de croisière en ce moment (sans les 18 centimes/litre du gouvernement). Que faut-il en penser de cette fracassante nouvelle aéronautique ? Digérée la première humiliation que je résumerai en un (très arrogant, j’en conviens – notre lectorat mayennais voudra bien me pardonner ce péché d’orgueil) « Quoi ? Une compagnie aérienne mayennaise ? », je ne peux que présenter mes compliments à nos heureux voisins qui, bientôt aéroportés par Air Mayenne, pourront, en moins de deux heures, aller prendre le thé à Londres, déguster des gaufres à Bruxelles ou se dandiner sur des rythmes syncopés à Ibiza pendant que nous autres, misérables angevins dont l’aéroport est déserté (j’hésite à dire boycotté) par les grandes compagnies internationales, en sommes réduits à, dans un périmètre de deux heures (de voiture, du coup), aller manger de la brioche à La Roche-sur-Yon, tremper nos orteils dans la Vienne ou … visiter l’aéroport de Laval. La jalousie est un vilain défaut (mais avouez que là…)
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