L'opposant Félix Tshisekedi prête serment en République démocratique du Congo
par Kangai News
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 55 ans, doit prêter serment au palais de la Nation, siège de la présidence au bord du fleuve Congo. Le fils du plus célèbre opposant congolais va-t-il vraiment prendre le relais du chef de l'État sortant, Joseph Kabila Kabange, 47 ans, dont 18 à la tête du plus vaste pays d'Afrique sub-saharienne ? Est-ce l'heure de la sortie pour Joseph Kabila ? Il n'a que 47 ans et en a passé 18 à la tête de la RDC, dont deux « en sursis » après avoir lancé et réussi des manœuvres pour retarder l'élection présidentielle. Un scrutin que son poulain, Ramazani Shadary, a perdu face à deux opposants : Félix Tshisekedi et Martin Fayulu. « En fin stratège militaire, le Président a préféré reculer pour mieux sauter », avance une source dans son entourage. Ce qui signifie qu'il a choisi de s'en remettre à la volonté populaire qui a voté pour les opposants au régime Kabila mais pas nécessairement à celle des urnes. En effet Martin Fayulu serait bien arrivé en tête, selon plusieurs décomptes indépendants, mais la commission électorale a décidé qu'il était arrivé en seconde position. Un choix dénoncé par Paris, Jean-Yves Le Drian réaffirmant mercredi que des « doutes » demeuraient sur l'élection de Felix Tshisekedi comme nouveau président mais que la priorité était de préserver le « calme » dans le pays. Mais Joseph Kabila a choisi de favoriser Félix Tshisekedi et de pactiser avec son camp, plutôt que de prendre le risque de voir la présidence aux mains de Fayulu soutenu par deux de ses plus redoutables ennemis : l'ex-vice président Jean-Pierre Bemba et l'ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi. Deux hommes suspectés d'être en cheville avec Paul Kagamé, le président rwandais, autre adversaire déclaré de Kabila. Le président sortant a donc choisi de remettre le pouvoir à Félix Tshisekedi. Les deux hommes ont lancé un « rapprochement », ce que le camp Fayuku a décrit comme une « collusion ». Alliée de Fayulu, Eve Bazaiba, du Mouvement de libération du Congo, a d'ores et déjà refusé un gouvernement d'union nationale avec les nouveaux dirigeants : « L'État de droit ne signifie pas arrangement, combine et combinaison pour gérer le pouvoir. Ce qui est mal conçu, ce qui est mal préparé va continuer négativement ». Partage du pouvoir Tshisekedi et ses proches ont rencontré des officiels et des généraux issus de l'appareil d'État et sécuritaire. Les deux coalitions pro-Kabila Front commun pour le Congo (FCC) et pro-Tshisekedi Cap pour le changement (Cach) ont signé un « accord de coalition politique » et de « partage de pouvoir ».Ce document prévoit une « répartition par famille politique des postes ministériels et autres postes administratifs ». Il prévoit aussi que les ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense et Intérieur) doivent « comme cela est de doctrine certaine, revenir à la famille politique du président élu ». Le président Tshisekedi devra désigner un « informateur » pour identifier un chef de gouvernement au sein de la majorité de l'Assemblée nationale qui reste largement acquise aux amis du président sortant Kabila. Parmi les noms qui circulent pour le poste de Premier ministre figurent celui du chef de cabinet du président Kabila, Néhémie Mwilanya Wilondja, et celui du grand patron congolais Albert Yuma. Kabila, qui reste sénateur à vie, règne sur le Front commun pour le Congo (FCC), garde la présidence du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), quitte donc la scène mais reste en coulisses. Bienvenue au Kabilaland.
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