L'entrée de Simone Veil au Panthéon « n'est pas à l'ordre du jour »
par Ça Zap - Zapping TV
Ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, puis présidente du Parlement européen, l'ancienne prisonnière des camps de la mort est décédée. Bien que très populaire, son indépendance farouche et sa défiance à l'égard des jeux partisans lui auront interdit d'embrasser les plus hautes destinées. Votre sourire nous manquera. » La phrase prononcée par Valéry Giscard d'Estaing le jour de 1979 où Simone Veil quitta son poste de ministre de la Santé reste si vraie pour évoquer le souvenir de celle qui fut longtemps l'enfant chérie de l'opinion publique française. Et la pluie d'hommages qui a suivi l'annonce de son décès vendredi, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans, en témoigne encore. L'ancien président, « bouleversé », a salué « sa vie exemplaire, qui reste une référence pour tous les jeunes d'aujourd'hui ». Visage de madone, chignon éternel, tailleur Chanel irréprochable : elle aura été un modèle de dignité et de charme. PUBLICITÉ Mais ce doux regard appartenait aussi à l'actrice d'un destin peu commun. L'histoire s'était chargée tôt de tremper sa personnalité. Car, à dix-sept ans, au sortir d'une enfance heureuse à Nice, entre un père architecte et une mère au foyer qu'elle adore, dans une famille où judaïté rime avec laïcité, le destin de Simone Jacob a basculé dans l'enfer. Arrêtée à Paris en mars 1944 par les Allemands, la jeune fille est envoyée à Drancy puis internée dans les camps de Birkenau et de Bobrek, avant de rejoindre Bergen-Belsen, en Allemagne. Elle sera libérée en avril 1945. Sa volonté de vivre l'a sauvée. Mais sa mère est morte dans ses bras. Et son père et son frère ne reviendront pas. La rescapée gardera de cette jeunesse volée une absolue répulsion pour les totalitarismes et les embrigadements. Elle voudra se créer tout de suite d'autres raisons d'aimer. A peine ses études à la faculté de droit et à Sciences Po entamées, elle se marie, à dix-neuf ans, avec son condisciple Antoine Veil, à peine plus âgé. Deux garçons naissent, et la famille, cinq ans seulement après la fin de la guerre, part s'installer en Allemagne, à Wiesbaden, où Antoine, qui prépare l'ENA, est employé au consulat de France. Cet appétit de vie ne se démentira pas après le retour à Paris. Le couple mène une existence bien remplie. Antoine devient directeur de cabinet de Joseph Fontanet au ministère du Commerce. Simone, elle, opte pour la magistrature, dans l'administration pénitentiaire, où sa compassion pour les détenus se nourrit de résonances profondes, puis aux affaires civiles de la Chancellerie. C'est monsieur qui donne encore le « la », entraînant sa femme dans des cénacles où ils côtoient aussi bien des personnalités de la politique, comme Pierre-Henri Teitgen, Jacques Duhamel, ou Pierre Sudreau, que de l'économie.
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