«L’administration française est engluée dans son dogmatisme, son corporatisme», dénonce Jean-Marie Le Guen (PS)

par Lopinionfr

Une semaine après les annonces d’Emmanuel Macron pour sortir de la crise des Gilets jaunes, leur application concrète semble très compliquée. La France est-elle irréformable ? «Je ne le crois pas, répond notre invité, mais elle est très dure à vivre politiquement et sans doute à réformer (…) Il faut apporter des réponses à cette crise mais aussi avoir une réflexion plus globale». A la lumière des difficultés apparentes à appliquer les mesures annoncées par le président de la République, peut-on dire que c’est le signe que l’administration «reprend la main»? «C’est la tendance permanente de l’administration de reprendre la main, explique Jean-Marie Le Guen, et de n’aller que dans le sens où elle veut aller (…) On l’a vu par exemple sur la manière dont la préfecture de police s’est conduite le premier samedi de manifestations. Leur prudence a abouti à un spectacle et des résultats catastrophiques ! Mais c’est vrai aussi pour d’autres administration où l’on prend des positions conservatrices et minimalistes qui engagent le moins possible l’administration, qui lui fait prendre le moins de risques». Emmanuel Macron avait promis d’évaluer et éventuellement de changer tous les patrons d’administration qui ne conduiraient pas le changement, mais cela n’a pas été fait. «Le problème n’est pas l’opinion politique de tel ou tel patron d’administration, explique l’ancien ministre. Le problème est la culture même de notre administration (…) Dès que vous prenez une position un tant soit peu risquée, vous risquez de vous retrouver avec des fuites dans la presse qui dénonce cette prise de position. De ce point de vue, l’administration n’est pas loyale».  Il ajoute : «Il y a des traditions exigées maintenant par certains journaux qui sont de la déloyauté. L’affaire Benalla est une affaire de déloyauté au départ.  Il est normal que certains scandales explosent alors que l’administration ou l’Etat veulent les cacher mais la limite est aujourd’hui franchie où de hauts responsables ne vont pas hésiter à défendre leur corporatisme.» Quid du référendum d’initiative citoyenne, revendication centrale des Gilets jaunes ? «J’ai toujours été assez sceptique, explique notre invité, mais je vois bien qu’il y’a la nécessité de donner une respiration à une possible intervention très directe du citoyen. Mais on voit bien que c’est la continuation d’une politique populiste mais, en même temps, on voit bien que la démocratie représentative souffre. (…) Il faut manier cela en évitant de tomber dans la caricature de la Suisse ou d’autres pays.» Enfin, concernant le PS, Jean-Marie Le Guen explique : «La manière dont ce parti est aujourd’hui orienté est une incompréhension complète. Il y a un manque complet de distance par rapport à l’histoire, à la société, c’est de la petite politicaillerie qui les emmène au bord du précipice en permanence».

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