Jean Imbert : "J'ai fait de la cuisine comme j'aurais pu faire du foot ou du cinéma"
par lejdd
Lauréat de Top Chef, Jean Imbert est l’ami de Cotillard, Depardieu et De Niro. Mais ce fils de relieur, nostalgique de son enfance, a refusé les sirènes de New York. http://www.lejdd.fr/Culture/People/REG-Portrait-Il-recoit-les-stars-dans-sa-cuisine-765105 Les stars en parlent avec des étoiles dans les yeux. Comme s'il était l'un des leurs. Un artiste. "C'est un rêveur, un idéaliste, qui se donne les moyens de faire des choses ambitieuses et belles. J'aime sa générosité, son grain de folie, sa fougue, ce mélange de timidité et d'audace. C'est un garçon qui est toujours curieux d'apprendre, d'explorer pour se réinventer. Il est incomparable", dit son amie Marion Cotillard. L'artiste JR, lui, voit un être "hypersensible, toujours à l'écoute, quelqu'un qui sait rassembler autour de son art". Jean Imbert aurait pu être artiste, acteur ou chanteur. Il a une gueule, une tignasse ébouriffée, se présente en jean, sweat-shirt et baskets devant les fourneaux de son restaurant gastronomique L'Acajou. Ce garçon bien dans ses pompes et qui se moque de porter une toque possède tous les attributs du cool. D'ailleurs, la presse people ne le traque-t-elle pas au bras de ses ravissantes conquêtes, dont une ex-Miss France? Avec sa fiancée de l'époque, il postait les photos de son couple sur Twitter, un compte à 100.000 abonnés. Quand il parle, ses phrases sonnent comme des gimmicks. Pas d'hésitation dans la voix, il se dégage une grande confiance chez ce garçon qui semble avoir été aimé par sa maman. "Ce restaurant, c'est mon long métrage, dit-il à propos de L'Acajou. Je l'ai depuis douze ans." Quant à son restaurant du déjeuner, Les Bols de Jean, près de la place de la Bourse, où Johnny en personne est venu s'afficher à l'ouverture, "c'est ma série", dit-il. Lorsque Depardieu lui a proposé de participer à la série culinaire qu'il tournait pour Arte (À pleines dents), Imbert, qui aurait pu avoir le rôle du fils, a décliné la proposition. Trop occupé, pas le temps, d'autres projets. Ce qui n'empêche pas Gérard de le recevoir en caleçon chez lui pour s'appliquer à un hommage débordant de tendresse dans son livre Cuisine intime* : "Pour mon Jean ou l'amour de la vie et du partage. Longue vie et amour. Ton Ami, G. Depardieu." Un imprésario lui aurait fait changer de nom. Jean Imbert?! Pas assez accrocheur. C'est pourtant là que réside la clé du succès chez ce chef de 34 ans qui ouvrait son premier restaurant, à 22 ans, avant de sortir vainqueur, huit ans plus tard, de l'émission de téléréalité Top Chef. Jean Imbert est le descendant d'une dynastie de petits entrepreneurs sans le moindre lien avec la cuisine. Le jeune chef est l'aîné d'un dénommé Jean Imbert, patron d'une entreprise de reliure installée à L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et le petit-fils d'un autre dénommé Jean Imbert, celui qui avait fondé l'entreprise familiale. "J'ai fait de la cuisine comme j'aurais pu faire du foot ou du cinéma, avoue Jean III Imbert. Ça m'est tombé dessus sans que je sache pourquoi. Il y avait des livres de cuisine à la maison et je faisais des recettes." Dans cette existence pavillonnaire à la fois loin et proche de Paris, le futur chef s'adonne au sport. Fan de Michael Jordan et des Chicago Bulls, il court à la Roseraie et joue au foot à Bourg-la-Reine. L'été, il retrouve ses copains de Bretagne, aux Sables-d'Or-les-Pins (Côtes-d'Armor), où ses parents possèdent une maison. Il ne regarde pas les filles, trop occupé à relever des casiers et à pêcher le maquereau. À l'école, c'est moins brillant. Refusant l'autorité, il se fait virer de tous les bahuts. Il aurait pu intégrer l'usine de papier. Des trois garçons, c'est celui qui y a le moins travaillé. Le mercredi, il y retrouvait son père, cigare à la bouche, en train de porter des palettes. "On le voyait très peu. Il partait à 5h30 de la maison et n'en revenait qu'à 21 heures. Très peu de vacances, c'était un gros bosseur. Il y avait chez lui une sorte d'abnégation, l'envie de se battre, d'aller au bout du bout. À ce point, c'est très rare." Quand le fils joue au tennis, le père le veut vainqueur. Toute son enfance, il l'a encouragé : "Petit Jean, il va monter la mayonnaise dans la vie." Ça a porté ses fruits.
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