« J’ai jamais vu ça », comment cet éleveur Breton tente de faire face à la sécheresse
par Huffington Post
SÉCHERESSE - C’est à la croisée de trois départements agricoles que Bruno Martel tient son exploitation laitière. Dans l’Ille-et-Vilaine en proie à une sécheresse quasi-inédite, l’éleveur doit adapter son travail, ses stocks, et même son matériel. « C’est une histoire de famille, comment est-ce que je pourrais m’arrêter ? ». À l’ombre des quelques arbres de ses prés, Bruno raconte comment cette ferme était déjà là bien avant lui. « Mes grands-parents, mes arrière-grands-parents », précise-t’il. L’herbe qui nourrissait hier ses vaches est aujourd’hui jaune, marron ; on dirait de la paille. Par terre, Bruno remarque à peine quelques trèfles verts « si ça repart, ce sera grâce à eux ». Depuis bientôt trois mois, Bruno Martel attend une pluie qui ne vient pas. Elle sert pourtant à arroser son herbe, à faire pousser ses maïs et finalement à nourrir ses vaches, les mêmes qui produisent quotidiennement un lait certifié bio. Sur les champs de maïs que le HuffPost a pu visiter, les plantes sont presque toutes brûlées dès la racine. Les « pommes de maïs » ou les « poupées » comme on les appelle ici n’ont aucun des grains jaunes qui leur sont caractéristiques. Bruno les récoltera quand même quand le temps sera venu mais l’apport nutritif est « quasi-nul » pour les bêtes, dont la production de lait dépend de la richesse de leur alimentation. Sur certains hectares, les maïs sont à peine sortis de terre, assoiffés, comme saisis par le soleil. Voilà trois semaines que l’éleveur breton a entamé son stock d’hiver. Ses réserves d’herbe qui maigrissent de trois tonnes par jour pour nourrir ses 120 vaches et son énorme stock de blé, lui aussi destiné à l’hiver « quand il n’y a pas d’herbe à brouter ». Ce précieux mélange d’avoine, de pois et de blé coûte cher à produire, et chaque utilisation en été, c’est autant de manque dans quelques mois. Alors face au manque de nourriture pour ses bovins, l’agriculteur d’Ille-et-Vilaine a dû prendre quelques dispositions : d’abord mettre une vingtaine d’animaux au repos, peu de nourriture et pas de traite de prévue. Pour les autres, il a installé des brumisateurs qui passent dans des tuyaux au niveau du plafond de son hangar. Dans la « salle d’attente », quelques minutes avant la traite les animaux sont donc arrosés et la température baisse d’environ 4 degrés. L’heure a changé aussi : Bruno met son réveil 30 minutes plus tôt qu’à l’habituée et entre en salle de traite à 6h30 du matin. Ce qui inquiète avant tout l’homme de 57 ans ce sont les pluies automnales qui, si elles sont maigres, ne permettront pas de renouveler ce stock qui s’amenuise. « On espère qu’en octobre novembre, il pleuvra suffisamment sinon ce sera très très difficile. » Pourtant, pas de quoi entamer la passion de ce fils et petit-fils d’agriculteur. Il a transmis la détermination et le métier à sa fille Apolline et son fils Maxime, tous deux investis dans le travail de la ferme du Guimbert. Sous le soleil qui a brûlé son champ, son herbe, ses maïs, Bruno Martel regarde son exploitation : « J’espère que dans 50 ans, mes enfants pourront encore marcher dans ce champ, avec leurs animaux. » ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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