Guerre en Ukraine. L’action héroïque d’une journaliste en plein JT russe
par humanite-fr
En Russie, dans un rare moment de protestation publique, la journaliste Marina Ovsiannikova, a fait irruption lundi soir sur le plateau de la grande chaîne de télévision russe, Channel One, avec une pancarte critiquant l'offensive en Ukraine. "Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment ici", pouvait-on lire sur sa pancarte.Moscovite de 44 ans et d’origine ukrainienne, Marina Ovsyannikova est une productrice de la chaîne d’État Channel One. Dans une vidéo pré-enregistrée publiée après son geste, la journaliste déclare regretter d’avoir participé à propager "la propagande du Kremlin" en travaillant pour une média lié à l'État russe pendant plusieurs années.La vidéo de l'incident est devenue virale sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes saluant un "courage extraordinaire". L'utilisation du mot "guerre" par des médias ou des particuliers pour décrire l'intervention russe en Ukraine est désormais passible de poursuites et de lourdes peines. Les autorités russes parlent elles, d'opération militaire spéciale".La protestataire a été arrêté et le Kremlin a dénoncé un acte de « hooliganisme ». Pour son action en direct au journal télévisé de Channel One, Marina Ovsyannikova risque 15 ans de prison car la nouvelle loi russe condamne fermement ce que le Kremlin considère comme une « atteinte à l’armée russe »."Il y a une forte probabilité que les autorités en fassent un exemple pour faire taire d'autres protestataires", a déclaré son avocat, Daniil Berman, soulignant qu'il n'a toujours pas pu rencontrer sa cliente, ni savoir où elle est détenue. Les autorités russes, pour l'heure, n'ont pas indiqué quels chefs d'inculpation pourraient viser Marina Ovsiannikova.Il s'agit d'une scène rarissime dans un pays où l'information est strictement contrôlée, d'autant plus depuis le début du conflit en Ukraine.Un porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a salué le geste de Marina Ovsiannikova, devant la presse à Bruxelles, s'inquiétant qu'elle ait "disparu et que ses avocats ne soient plus autorisés à la contacter"."La journaliste de télévision russe Marina Ovsiannikova a pris une position morale courageuse et osé s'opposer aux mensonges et à la propagande du Kremlin en direct sur une chaîne de télévision contrôlée par l'État, Pervy Kanal", a déclaré ce porte-parole, Peter Stano, qualifiant le patron de cette chaîne de "l'un des propagandistes en chef du régime".Le président français Emmanuel Macron a pour sa part affirmé que la France était prête à offrir une protection diplomatique à la journaliste russe. Plus de 2,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion, selon un décompte lundi de l'ONU, qui recense aussi environ 2 millions de déplacés à l'intérieur du pays.
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