Grâce à son bébé reborn, Audrey « retrouve pour un instant » sa fille décédée
par leparisien
« J’avais peur d’oublier les détails de son visage, l’implantation de ses cheveux, son petit nez en trompette… Je sais que ce n’est pas ma fille Lucie, que c’est une poupée, mais sa présence me fait du bien ». En ouvrant la boîte à souvenirs de son bébé, mort en 2017, Audrey soulève délicatement un poupon en silicone vêtu d’un tricot blanc et rose. Ce bébé reborn, ultra-réaliste, avec sa peau légèrement marbrée, typique des nouveau-nés, sa bouche brillante, ses petits pieds encore tout fripés… Tout ressemble à s’y méprendre à un vrai bébé. A son bébé. Car pour Audrey, le réalisme a été poussé à l’extrême. « J’ai demandé à avoir la réplique exacte de ma fille, à partir de photos que j’avais prises avant sa mort. Elle fait aussi le même poids et la même taille qu'elle. 32 cm pour 640 grammes ». En 2017, la jeune femme, enceinte de son premier enfant, a mis au monde une petite fille prématurée, Lucie. Le nouveau-né n’a vécu que cinq jours. Quatre ans plus tard, et malgré la naissance de son fils Gabriel en 2019, Audrey n’arrive pas à panser ses plaies. Elle contacte alors Vicky, une reborneuse qui fabrique ces poupons réalistes et qui poste régulièrement sur TikTok ses nouvelles créations. « C’est en voyant son travail sur les réseaux que j’ai franchi le pas. Je l’ai contactée et je lui ai raconté mon histoire », se souvient Audrey. Émue, Vicky accepte d’aider Audrey et lui offre le reborn. « Au départ, quand je me suis mise à fabriquer des bébés reborn, raconte Vicky, c’était pour moi. Pour le plaisir de la collection. Mais quand je me suis aperçue que ça pouvait au-delà, que ça pouvait aider des femmes comme Audrey à surmonter un deuil ou combler le manque d’un enfant, ça a donné une autre dimension à ce que je faisais. Et j’en suis fière », explique le reborneuse. Ce phénomène des bébés reborn ou bébés renaissance, tout droit venu des Etats-Unis, connaît un boom en France notamment via les réseaux sociaux. Ces poupées ressemblant comme deux gouttes d’eau à de vrais nourrissons, utilisées au départ pour le cinéma, sont devenues pour certaines des « bébés thérapie ». « Ça peut aider des mamans en deuil à aller mieux. C’est vrai. Comme pour le cas d’Audrey, relève Vicky. En revanche, il y en a qui vont trop loin. J’ai déjà vu des femmes promener leur reborn en poussette, aller chez le médecin ou à la plage avec. Certaines leur donnent le biberon… Bon, je ne suis pas là pour juger, si ça leur fait du bien pourquoi pas... », ajoute-t-elle. Pour Audrey, pas question de sortir son bébé reborn dans un parc, ni de lui mettre des couches. Sa poupée, elle la garde pour elle, dans cette boîte bleue qu’elle sort seulement « quand la douleur est trop vive ». « Je peux comprendre que cela puisse paraître glauque aux yeux de certains. Mais cette poupée, elle me fait du bien. Ce n’est pas un bébé de remplacement. Pour moi, c’est comme une photo de ma fille, mais que je peux prendre dans mes bras. C’est plus palpable. Et depuis que je l’ai, ça m’apaise ».
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