François Miquet-Marty (Viavoice): «Il y a une forte insatisfaction démocratique chez les Français»
par Lopinionfr
Depuis cinq jours maintenant et après les incidents survenus au Stade de France, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est sur des charbons ardents. Après avoir, dans un premier temps, rejeté toute la responsabilité sur les supporters de Liverpool, le ministre de l’Intérieur a finalement promis lors de son audition au Sénat la prise de sanctions pour « gestes disproportionnés envers certains policiers ». Le ministre aurait-il tardé à reconnaître ses erreurs ? « Oui, il a tardé à le faire, affirme François Miquet-Marty, président de l’institut Viavoice. Mais c’est une démarche qui lui permet d’éviter le pire. Contrairement à ce qu’on peut penser parfois, Gérald Darmanin est populaire, c’est l’un des ministres les plus populaires, c’est un poids lourd de l’exécutif (…) Mais aujourd’hui, l’exécutif essaye de ne pas mettre en avant les questions liées à la sécurité, déplaçant le sujet de manière visible sur les faux billets (…) Dans ce contexte de campagne pour les législatives, le gouvernement essaye de gérer une situation qui pourrait être explosive. »L’absence ou presque de campagne pour les législatives de la part du Président et de la Première ministre, l’absence d’annonces du gouvernement placent-elles la macronie à la merci du moindre imprévu de l’actualité ? « Il faut dire qu’en amont, la campagne présidentielle puis la campagne pour les législatives nourrissent un très fort ressentiment démocratique. On a aujourd’hui les deux tiers des Français qui estiment que la démocratie ne fonctionne pas bien, il y a l’idée d’une insatisfaction démocratique. »Après la conclusion de l’accord électoral qui a donné naissance à la Nupes, une étude publiée par Libération nous montre qu’entre 60 % et 69 % des sympathisants de gauche pensent que les Verts, les socialistes, et les communistes ont « renoncé à des valeurs et des idées fondamentales » pour s’allier avec les Insoumis. Mais, dans le même temps, ils sont 78 % à dire qu’ils approuvent cette alliance. La priorité est donc de battre Emmanuel Macron ? « On pourrait imaginer qu’il s’est créé dans le cadre de cette Nupes une convergence des visions, une capacité à fédérer les gauches dans leur diversité. Mais ces chiffres révèlent une réalité beaucoup plus pragmatique et terre à terre, estime François Miquet-Marty. Le premier enseignement, c’est l’idée qu’il faut faire des alliances pour faire des scores moins mauvais et, ensuite, cette idée que cette alliance est une alliance par défaut. »
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