Française des Jeux : une privatisation à risque ?

par Ça Zap - Zapping TV

Française des Jeux : une privatisation à risque ? Le gouvernement envisage d'ouvrir le capital de la Française des jeux. Plusieurs scénarios sont envisagés. L'entreprise affiche des gains records. Le gouvernement envisage d'ouvrir, au printemps, le capital du Loto et des jeux de grattage. Est-ce bien raisonnable de se séparer d'une aussi bonne affaire ? ourquoi privatiser la FDJ ? Pour financer l'innovation ! Emmanuel Macron a promis de créer un fonds de dix milliards d'euros pour la financer et Bercy compte sur la privatisation plus ou moins partielle de certaines entreprises pour alimenter l'opération. Dans quelques semaines, le gouvernement pourrait ainsi annoncer la privatisation de la Française des Jeux (FDJ). La BNP Paribas a été missionnée pour étudier une cession des parts de l'État. Plusieurs scénarios pourraient être envisagés, parmi lesquels la descente de l'État à moins de 50 % du capital de la FDJ. Une vieille idée ? Nicolas Sarkozy l'avait déjà évoquée en 2008 ; Emmanuel Macron en 2014. La troisième fois pourrait toutefois être la bonne. La présidente du groupe public, Stéphane Pallez, s'est dite « prête à mener la privatisation ». L'opération pourrait être actée au printemps. La privatisation interviendrait alors que la FDJ enregistre des gains records. L'entreprise, détenue à 72% par l'État, a atteint l'année dernière les 15,1 milliards d'euros de ventes. Autrement dit, les joueurs ont misé plus de 15 milliards en 2017. C'est 5,7% de plus qu'en 2016. La FDJ a réussi son pari. Elle a relancé le Loto, rénové l'Euromillions et enrayé la baisse de ses clients (26,1millions). Un pari gagnant pour l'État ? Difficile de comprendre pourquoi l'État se séparerait d'une telle source de revenus. Emmanuelle Auriol, professeure d'économie à la Toulouse school of economics, déplore une opération guidée par « le court terme » et le « besoin de cash ». En réalité, l'État ne perdrait pas beaucoup d'argent. La taxation des mises - 3,12 milliards d'euros en 2016 - constitue les principales recettes publiques des activités de la FDJ, et elle ne disparaîtrait pas en cas de privatisation. Mais Emmanuelle Auriol précise: « Les rentes n'iraient plus dans la poche du contribuable. » Plutôt que d'abonder le budget de l'État, elles iraient à des investisseurs privés et ils pourraient être nombreux à s'y intéresser, notamment les sites de paris en ligne comme Betclic. Et les joueurs ? Actuellement, la FDJ dispose du monopole sur les jeux de grattage et de loterie. Elle est censée garantir que les jeux proposés n'entraînent pas de comportements compulsifs. Aujourd'hui publique, la FDJ régule ses activités en ce sens. Demain privée, le risque serait de la voir privilégier ses résultats au détriment des joueurs. « La question est de savoir si nous voulons développer économiquement ce secteur ou si nous sommes là pour garantir une offre de jeu légale et maîtriser les addictions ? », résume Olga Givernet. Co-rapporteure d'un suivi parlementaire sur la régulation des jeux d'argent, la députée LREM souhaite que les règles qui encadrent l'activité de la FDJ restent inchangées en cas de privatisation. Olga Givernet appelle également à la création d'une autorité indépendante pour réguler l'ensemble du secteur des jeux d'argent. Au royaume du hasard, on n'est jamais trop prudent.

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