EXCLUSIF. Bachar el-Assad : la preuve qui l'implique dans l'assassinat de Rafiq Hariri
par VanityFairFR
Dix ans après l’assassinat de l’ex-premier ministre du Liban Rafiq Hariri, le 14 février 2005 à Beyrouth, les enquêteurs du Tribunal spécial de l’ONU disposent d’éléments probants impliquant la Syrie. Les communications téléphoniques du groupe terroriste qui a perpétré l’attentat ont permis de découvrir plusieurs échanges téléphonique, peu avant l’explosion, avec des numéros attribués au cabinet de Bachar el-Assad lui-même, au palais présidentiel de Damas. Cet élément nouveau a été évoqué lors d’une audience à huis clos, le 13 novembre 2014 à La Haye, dont Vanity Fair a pu consulter le compte-rendu. Ce rebondissement est l’une des principales révélations de l’article du journaliste Guillaume Dasquié, publié dans le numéro de mai de Vanity Fair, qui retrace par ailleurs les charges retenues contre les cinq suspects poursuivis par la juridiction internationale. Tous sont issus de la branche armée du Hezbollah ou sont en lien avec ce mouvement islamiste chiite libanais mais aucun n’a pu être arrêté. Au premier rang d’entre eux figure l’un des chefs militaires du Hezbollah, Mustafa Badreddine, aujourd’hui considéré comme le principal organisateur de l’attentat. Au lendemain de la mort Rafiq Hariri, qui était en passe de reprendre la tête du gouvernement au moment où il fut tué, les soupçons avaient d’emblée convergé vers le régime syrien, à qui il s’affrontait publiquement et dont il réclamait le retrait du territoire libanais. Ami personnel d’Hariri, Jacques Chirac avait ouvertement accusé Damas d’avoir commandité l’attentat. Plusieurs proches de l’ancien dirigeant libanais ont témoigné devant le tribunal spécial que Bachar el-Assad était allé jusqu’à le menacer en personne de rétorsions physiques dans les mois qui ont précédé son assassinat. L’acte d’accusation du Tribunal spécial, publié ne désigne toutefois aucun commanditaire. L’enquête de Vanity Fair dévoile en outre le rôle méconnu dans ces découvertes d’un officier des Forces de sécurité intérieure libanaises, le capitaine Wissam Eid. Ingénieur de formation, ce jeune policier avait constitué une base de données informatique pour localiser, stocker et exploiter les flux de communications téléphoniques sur l’ensemble du Liban. C’est ainsi qu’il eut l’idée d’observer les appels échangés le jour de l’attentat le long du parcours emprunté par la voiture d’Hariri dans les rues de Beyrouth. Longtemps resté inexploité, ce travail de recherches a finalement abouti à l’identification des principaux suspects actuellement recherchés. Hélas, le capitaine Eid n’en a jamais rien su : lui aussi a été tué dans un attentat à la voiture piégée, le 25 janvier 2008.
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