Européennes: «Un échec de Macron pourrait permettre à la mobilisation sociale de redémarrer», prévient Bernard Sananès (Elabe)
par Lopinionfr
Dans la dernière ligne droite avant les élections européennes, peut-on dire que le paysage politique est désormais installé ? « Non, on est dans une élection qui est marquée, comme c’est toujours le cas pour les européennes, par une forte volatilité, explique notre invité. Aujourd’hui par exemple, seuls 4 électeurs sur 10 se disent certains d’aller voter ! On pourrait bien battre un nouveau record d’abstention». Il ajoute: «Autre chiffre étonnant, sur ces électeurs certains d’aller voter, 15 % ne savent pas encore pour qui ! Pour tous ceux qui auscultent l’opinion, c’est donc une semaine de grande interrogation !» Pourtant, selon les sondages, un duel s’est nettement installé en tête entre le Rassemblement national et La République en marche. Mais notre spécialiste relativise: «Ce duel s’est installé assez tôt et les deux listes se situent autour de 22, 23, 24 %. Mais je remets un peu en question ce duel, car bien que réel, si on totalise ces deux listes, finalement, elles ne font que 45 %. On ne peut pas dire que ce duel serve donc de mobilisation de l’opinion (…) Plus d’un électeur sur deux se met en effet à distance de ce duel !» Néanmoins, tous les sondages donnent le Rassemblement national en tête... «On voit que la dynamique était installée depuis quelques semaines, confirme Bernard Sananès. On voit la progression légère mais continue de la liste RN. Ce qui fait parfois la différence, c’est l’évolution entre la liste de La République en marche et la liste Les Républicains. Et là, il y a pas mal de variations d’une semaine sur l’autre (…) C’est un gros enjeu pour l’électorat de droite». L’enjeu serait donc de savoir quelle part des Républicains votera pour la liste de Nathalie Loiseau et vice-versa. «Il y a plusieurs volatilités mais cette question-là est très importante, confirme notre interlocuteur. Elle peut décider de qui arrivera en tête. Avec une liste LR forte, LREM ne pourra vraisemblablement pas être en tête». Peut-on s’attendre à des conséquences politiques internes si la liste LREM arrive en seconde position ? «En tout cas, je pense qu’il y aura une traduction politique, confirme notre invité. Déjà, c’est une forme d’isolement pour Emmanuel Macron. Politique, européen, stratégique dans son projet. On dit que la mobilisation sociale a perdu en intensité et c’est le cas. Mais une défaite d’Emmanuel Macron pourrait permettre à celle-ci de rejoindre une forme d’opposition plus politique et de redémarrer».
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