États-Unis. Pourquoi le témoignage du diplomate William Taylor est accablant pour Donald Trump
par Kangai News
Donald Trump a bien conditionné le déblocage d'une aide financière pour l'Ukraine à l'ouverture par Kiev d'enquêtes aux motivations politiques qu'il réclamait, a déclaré le chargé d'affaires à l'ambassade des États-Unis en Ukraine. William Taylor témoignait, mardi, à huis clos devant les trois commissions de la Chambre des représentants qui mènent l'enquête dans le cadre de la procédure de destitution ("impeachment") lancée contre Donald Trump. C'est un témoignage qui relance les accusations de « qui pro quo » lancées contre le président Trump et qui pourraient provoquer sa chute. « Qui pro quo », en anglais, le terme n'a pas le même sens qu'en français où il signifie « malentendu », « méprise ». En anglais, la locution latine signifie « échange de bons procédés », « donnant-donnant ». C'est cette notion de troc qui rejaillit depuis mardi 22 octobre avec les déclarations de William Taylor, le chargé d'affaires américain en Ukraine nommé en juin, par intérim avant d'être confirmé par le Sénat et de prendre le titre d'ambassadeur. Ses déclarations devant les trois commissions de la Chambre des représentants qui mènent l'enquête dans le cadre de la procédure de destitution (impeachment) lancée contre Donald Trump, viennent contredire les propos de Donald Trump. Selon le Président, il n'y a eu aucune contrepartie demandée pour le versement des 391 millions de dollars destinés à aider Kiev à faire face aux séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, une aide que le président républicain avait bloquée après qu'elle fut approuvée par le Congrès le 11 septembre dernier. L'enquête a été ouverte après qu'un membre des services du renseignement américain a lancé l'alerte sur une conversation téléphonique en juillet dernier entre Trump et le président ukrainien Zelenski, accusant le président républicain d'avoir fait pression pour que l'Ukraine enquête sur Joe Biden, l'un des candidats démocrates dans la course à la présidentielle de 2020. Le 17 octobre, le chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney a, en outre, secoué l'enquête au détour d'un aveu stupéfiant : Donald Trump a bien lié l'aide destinée à l'Ukraine à des considérations de politique intérieure. Un témoignage accablant Sa déclaration devant les élus a été publiée par le Washington Post. « En août et septembre derniers, je suis devenu de plus en plus inquiet de voir notre relation avec l'Ukraine fondamentalement sapée » par la conduite d'une voie diplomatique parallèle, « ainsi que par la suspension d'une aide sécuritaire vitale pour des raisons de politique intérieure », a déclaré Taylor, en préliminaire, lors de son audition du 22 octobre. Il a poursuivi en dénonçant « deux chaînes de décision politique » américaines en Ukraine : « l'une officielle » et une autre « hautement irrégulière » en marge du Département d'État chargé des Affaires étrangères. Des chaînes aux objectifs « divergents ». Déroulant avec précision une chronologie « longue » mais accablante, Taylor renforce les accusations du lanceur d'alerte et l'aveu de Mick Mulvaney : il y a bien eu des pressions du clan de la Maison Blanche sur les Ukrainiens. Ce clan rassemblait notamment l'avocat personnel du président, Rudy Giuliani, l'ex-émissaire spécial pour l'Ukraine, Kurt Volker, et Gordon Sondland, l'ambassadeur des États-Unis auprès de l'Union européenne.
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