Espagne. La Catalogne toujours sans président : comment sortir de la crise ?
par Ça Zap - Zapping TV
Espagne. La Catalogne toujours sans président : comment sortir de la crise ? En théorie, le Parlement de Catalogne a jusqu'à ce mercredi soir pour investir le Président de la région. La justice espagnole a interdit l'investiture à distance du candidat des indépendantistes Carles Puigdemont, en exil à Bruxelles. Du coup, le président du Parlement a ajourné le vote prévu hier, sans fixer de nouvelle date. Pour le politologue Jean-Baptiste Harguindéguy, seul un nouveau candidat indépendantiste peut débloquer la situation. La session d'investiture de l'indépendantiste Carles Puigdemont comme président de la Catalogne a été ajournée, mardi à Barcelone. Aucun nouveau délai n'a été donné. En exil à Bruxelles, Puigdemont ne peut revenir en Espagne sans se faire arrêter et la justice espagnole a interdit son investiture à distance. La situation se complique encore un peu plus. Que peut-il se passer dans les prochains jours ? Réponse avec le politologue Jean-Baptiste Harguindéguy, docteur en sciences politiques et sociales à l'Université Pablo de Olavide de Séville. Il paraît difficile que le président catalan soit investi ce 31 janvier. Quel est le plan B ? Il n'y a pas de plan B pour ce type de situation car ce n'était tout simplement jamais arrivé. Le président du Parlement Roger Torrent a décidé de repousser le vote, mais on ne sait pas si on parle d'heures, de jours ou de semaines. Cette situation sans précédent n'est pas seulement un blocage institutionnel, mais aussi politique et social. Il y a une polarisation extrême : la moitié de la population veut l'indépendance, l'autre non, la moitié du Parlement catalan veut l'indépendance, l'autre non. D'un côté, les partis indépendantistes qui exigent que l'investiture se réalise au plus vite pour nommer un gouvernement indépendantiste. De l'autre, il y a le Parti Populaire (droite, au pouvoir à Madrid), le Parti socialiste catalan (PSC) et Ciudadanos (centre) qui souhaitent en finir avec cette situation. Et qu'un « vrai » candidat - donc physiquement présent, qui ne soit pas en prison ou à l'étranger - se présente, soit nommé et dialogue avec les espagnolistes. Roger Torrent a assuré vouloir garder Carles Puigdemont comme candidat... Pour le moment, il n'y a plus de pilote dans l'avion. Le Tribunal constitutionnel a été assez clair sur ce point : tant que Puigdemont ne revient pas en Espagne, où il sera immédiatement incarcéré, il ne peut pas être investi Président. Pour imager, c'est comme dans un film de Tarantino : tout le monde pointe son pistolet et si quelqu'un bouge, cela peut partir. La question, c'est jusqu'à quel point le candidat Puigdemont est légitime par rapport à son parti. Est-il prêt à suivre jusqu'au bout un futur prisonnier ou un homme politique en fuite ? C'est l'inconnue la plus totale. Selon moi, le blocage persistera jusqu'à la proposition d'un candidat alternatif. Est-ce que Roger Torrent cherche à gagner du temps ? C'est un peu la fuite en avant. Son parti, Esquerra Republicana (ERC, gauche indépendantiste), était donné comme le futur gagnant des élections du 21 décembre. Il est finalement arrivé derrière Junts Per Catalunya (JxC, droite indépendantiste) de Carles Puigdemont. Dans la situation actuelle, ERC s'est proposé comme le plan de secours. Dans cette mesure, le temps joue en leur faveur. Le problème est qu'il y a trois indépendantismes en un, partagé entre la CUP (extrême gauche), ERC (gauche) et JxC (droite). Il reste maintenant à savoir si la non-investiture qui, selon moi, se profile, va décanter les choses. Si cela permettre l'émergence d'un candidat d'ERC un peu plus « acceptable » et pas emprisonné [comme le leader actuel de l'ERC]. De nouvelles élections sont-elles possibles ? Des élections, c'est coûteux en argent, en temps et en énergie. On aura toujours les mêmes candidats, les mêmes électeurs, la même situation d'enkystement et de polarisation. Ce serait une énième fuite en avant.
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