Entre Hollande et Duflot, c'est "je t’aime, moi non plus"
par lejdd
LA POLITIQUE EN COULISSES - Dominique de Montvalon, rédacteur en chef au Journal du Dimanche, décrypte l'actualité politique. Cette semaine, il évoque la relation des écologistes à la majorité. http://www.lejdd.fr/Politique/Francois-Hollande-Cecile-Duflot-Je-t-aime-moi-non-plus-722524 A l’horizon, une petite lueur : on va peut-être enfin avoir droit, chez les écologistes de Cécile Duflot et de Jean-Vincent Placé, a une opération clarification. Une opération clarification, cela veut dire savoir qui, dans leurs rangs, croit à la réforme et qui préfère regarder du côté de l’extrême-gauche. Car les électeurs, eux, n’y comprennent plus rien. Et, apparemment, François Hollande non plus. Devant les querelles et surenchères permanente des Verts, on le perçoit excédé: « Finissons-en, décidez une bonne fois pour toutes qui est avec moi (et prêt à continuer) et qui, comme Cécile Duflot, préfère Mélenchon (et veut voir si l’herbe est plus verte de ce côté-là) ! Dans des confidence à l’hebdomadaire « Challenges », Hollande –qui a tout fait ces temps derniers pour faire revenir Cécile Duflot au gouvernement- lâche : « On peut empêcher quelqu’un de se suicider trois fois, quatre fois. Mais la cinquième fois, peut-on encore le retenir ? ». Peut-être l’ex-ministre du Logement retrouvera-t-elle, in extremis le chemin de l’Elysée au nom du combat contre le Front national. Mais, pour le moment, nada. Cécile Duflot, à la différence de Jean-Vincent Placé, de François de Rugy ou encore d’une Barbara Pompili, ne supporte pas Manuel Valls. Et elle rêve d’une autre gauche. Oubliant le fauteuil de député de Paris en or massif que lui ont offert les socialistes, et tant d’autres cadeaux faits en 2012 à Europe-Ecologie Les Verts dont la candidate à l’Elysée Eva Joly n’a pourtant recueilli lors de la dernière présidentielle que 2,31% des suffrages exprimés, Duflot préfère Mélenchon et ses rêves grecs à Valls. Surtout, elle semble avoir fait une croix sur les chances de Hollande d’être réélu en 2017. Des Verts idéologiquement partagés en deux Les Verts, depuis l’origine, balancent en fait entre deux chaises : leurs électeurs, ils le savent, sont globalement réformistes; les cadres du parti, en revanche, sont majoritairement gauchistes et, pour quelques uns, proches mêmes de l’ultra-gauche européenne. Résultats : le social-démocrate Daniel Cohn-Bendit, le plus brillant et le plus politique des écologistes a été tenu à l’écart. Pas moins significatif: le choix de l’ex- magistrate Eva Joly comme candidate à l’Elysée par l’appareil d’Europe-Ecologie aux dépens de Nicolas Hulot, devenu depuis à l’Elysée l’homme de confiance de François Hollande. En fait, les Verts doivent se mettre trois ou quatre choses en tête. 1. Quand ils veulent bien être eux-mêmes, ils ont du poids, et portent un discours original et même moderne. 2. A ce jour, les Français ne leur ont pas confié les clés du pouvoir et encore moins celles de l’Elysée. Ils sont donc condamnés –il y a des destins pires- à des compromis. Ce n’est pas un gros mot. 3. On est en Vème République, régime présidentiel, pas sous la IVème République, le régime des « combinazione » de partis. Surtout, les écologistes seraient bien inspirés de cesser en 2015 de faire semblant qu’ils pensent tous la même chose. Il est donc temps qu’ils disent où ils sont, ce qu’ils veulent et avec qui ils sont prêts à cheminer. Dans cette opération clarification, ils perdront peut-être des plumes, mais ils y retrouveraient une âme.
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