Entre émotion et inexpérience, l'entrée des députés RN à l'Assemblée
par Huffington Post
La consigne a parfaitement été respectée. Priés de se mettre sur leur 31, les 89 députés du Rassemblement national, qui faisaient leur rentrée à l’Assemblée ce mercredi 22 juin, se sont exécutés, donnant à cette cohorte dominée numériquement par des hommes des airs de forêt de costumes sombres. Certains s’accordent quelques coquetteries, à l’image de la croix de lorraine tricolore épinglée sur sa veste par Jean-Philippe Tanguy, élu de la Somme que certains verraient bien présider la Commission des finances. Réunis en début de matinée sur la place du Palais Bourbon, les élus d’extrême droite ne masquent pas leur joie. “Alors lui, c’est le député de l’Allier.” Sourire inamovible et bise automatique, Sébastien Chenu, porte-parole du RN réélu dans sa circonscription du Nord, joue les entremetteurs. “Bon, sa cravate est peu lâche, mais c’est parce qu’il a fait de la route”, s’amuse-t-il. Beaucoup découvrent ce lieu de pouvoir, où la presse n’attend rien que de les scruter. “La dernière fois que j’ai gagné un truc, ça devait être déléguée de classe” Laure Lavalette, députée RN du Var Laure Lavalette, porte-parole du parti et élue du Var, est ”à bloc”. Elle n’en revient pas de voir autant d’élus RN à l’Assemblée: “un truc de fou”. Sa propre victoire l’enchante, et l’a aussi un peu de surprise. “La dernière fois que j’ai gagné un truc, ça devait être déléguée de classe”, plaisante-t-elle. À l’évidence, une forme d’euphorie est partagée dans les rangs lepénistes. “Il y a beaucoup d’émotion, mais il faut garder les pieds sur terre”, temporise Antoine Villedieu, député de Haute-Saône, qui a l’air de prendre goût aux micros qui se tendent. Au sein de ce contingent RN, les différences de statut sautent aux yeux. Il y a les stars du mouvement, familiers des plateaux de télévision, comme Julien Odoul, Laurent Jacobelli ou Edwige Diaz, qui prennent soin de la vitrine en duplex. Il y a les élus qui comptent, comme Philippe Lottiaux, vainqueur face à Éric Zemmour dans la 4e circonscription du Var -un fait d’armes qui vaut à cet énarque une salve de félicitations. Cette catégorie comprend également les élus implantés localement depuis plusieurs années, comme le Varois Fédéric Bocaletti (condamné en 2000 pour violences avec armes) ou le Gardois Yoann Gillet. Et puis il y a les autres. Ceux qui donnent l’impression d’avoir été surpris par leur destin. La plupart assument leur inexpérience. “On s’attendait à être au second tour mais pas à arriver jusqu’ici”, reconnaît Yaël Ménache, ancienne commerciale élue dans la Somme. Elle est prête à suivre “toutes les formations qu’elle pourra”. “Nous sommes forcément novices, mais on va prendre le rythme” assume Émeric Salmon, député de Haute-Saône. “On va apprendre sur le tas”, renchérit “pas stressé” Daniel Grénon, épicier à la retraite et désormais élu dans l’Yonne, qui a défait dès le premier tour le sortant LR Guillaume Larrivé. ”Ça sent le souffre ici” David Guiraud, député NUPES (La France insoumise) Se sachant observés, ces nouveaux parlementaires entrent au Palais Bourbon sur la pointe des pieds, soucieux d’apparaître comme des élus “sérieux” et “responsables” prêts à voter des textes avec la Macronie. “S’il y a de bonnes mesures dans le projet de loi sur le pouvoir d’achat, nous les voteront”, assure Philippe Lottiaux. “On a assez souffert du sectarisme dans les exécutifs locaux pour ne pas le reproduire”, renchérit Grégoire de Fournas, député RN de la Gironde, satisfait de voir “la disparition du cordon sanitaire” autrefois érigé autour du parti. Disponibles en début de matinée hors de l’enceinte de l’Assemblée, les novices semblent s’être évaporés au sein du Palais Bourbon. Seuls les élus expérimentés et les stars du mouvement d’extrême droite semblent habilités à occuper les grappes de journalistes qui tournent en rond entre la salle des pas perdus et celle des quatre colonnes. Objectif: achever la normalisation du RN afin d’en faire “un parti comme les autres” et d’en chasser les démons. Il ne faudrait pas que les hésitations voire les dérapages d’un novice viennent gâcher cette rentrée. Quelques minutes plus tard, alors qu’une jeune journaliste demande à Emeric Salmon ses coordonnées, comme il est d’usage en cette journée de rentrée pour pouvoir le recontacter, son collègue de Haute-Saône, Antoine Villedieu, croit bon de balancer à voix haute: “Et en plus il est célibataire!” Ils auront voulu éviter les dérapages, mais le naturel revient comme souvent au triple galop au RN. Même en costume cravate. ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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