En Russie, Marina Ovsiannikova interrompt le JT le plus regardé
par Huffington Post
RUSSIE - C’est une scène rarissime, presque surréaliste, dans un pays où l’information est strictement contrôlée. Une femme a fait irruption ce lundi 14 mars pendant le journal télévisé le plus regardé de Russie avec une pancarte critiquant l’offensive militaire en Ukraine. L’ONG de défense des droits des manifestants OVD-Info, qui présente cette femme comme Marina Ovsiannikova, une employée de la chaîne, a rapporté qu’elle avait été arrêtée et emmenée au commissariat. La scène s’est produite pendant le principal programme d’information du soir de la plus puissante chaîne télévisée du pays, Pervy Kanal, baptisé Vremia (Le temps), un rendez-vous quotidien suivi par des millions de Russes depuis l’époque soviétique. Alors que la célèbre présentatrice Ekaterina Andreïeva est en train de parler, Marina Ovsiannikova surgit derrière elle avec une pancarte sur laquelle on peut lire “Non à la guerre. Ne croyez pas à la propagande. On vous ment, ici”. “Les Russes sont contre la guerre”, peut-on encore lire sur la pancarte sur laquelle le drapeau de l’Ukraine et celui de la Russie sont dessinés. Imperturbable, la présentatrice continue de parler quelques secondes pendant que la protestataire scande “non à la guerre”, puis la chaîne précipite la diffusion d’un reportage sur les hôpitaux, mettant fin au direct sur le plateau (voir la vidéo ci-dessous). “Une enquête interne est en train d’être menée” sur cet “incident”, a laconiquement déclaré Pervy Kanal dans un communiqué. Selon l’agence de presse Tass, la jeune femme pourrait être poursuivie pour avoir “discrédité l’utilisation des forces armées russes”. “J’ai honte d’avoir permis que le peuple russe soit ‘zombifié’” Dans une vidéo enregistrée préalablement et publiée par OVD-Info (à voir plus bas), Marina Ovsiannikova explique que son père étant ukrainien et sa mère russe, elle n’arrive pas à voir les deux pays comme ennemis. “Malheureusement, j’ai travaillé pour Pervy Kanal ces dernières années, faisant de la propagande pour le Kremlin. J’en ai très honte aujourd’hui”, dit-elle. “J’ai honte d’avoir permis que des mensonges soient diffusés à la télévision, honte d’avoir permis que le peuple russe soit ‘zombifié’”, ajoute-t-elle. La vidéo s’est propagée comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes saluant le “courage” de cette femme, dans un contexte de brutale répression contre toute forme de dissidence. Dans leur tentative de contrôler toute information au sujet du conflit, les autorités ont bloqué la plupart des médias encore indépendants, ainsi que les principaux réseaux sociaux, comme Twitter et Facebook. Résultat, la plupart des Russes n’ont accès qu’à la version délivrée par le gouvernement et les médias, dont Pervy Kanal, d’une “opération militaire spéciale” visant à “dénazifier” l’Ukraine et empêcher un “génocide”.----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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