En Moselle, le casse-tête sanitaire des travailleurs frontaliers
par leparisien
De la colère, parfois, de l’amertume, souvent, de l’incompréhension surtout… En Moselle, les travailleurs français qui exercent en Allemagne ont découvert mardi leur nouvelle vie. Berlin a classé le département français en « zone à forte circulation » des variants sud-africain et brésilien du Covid-19 et a pris de nouvelles mesures pour lutter contre l’épidémie de Covid-19. Conséquence, les frontaliers doivent désormais être en mesure de présenter un test (PCR ou antigénique) de moins de 48 heures en cas de contrôle de la police allemande. Une mesure qui concerne 16000 Mosellans qui travaillent en Sarre ou Rhénanie Palatinat. A Sarreguemines, ville frontalière, l’ambiance était calme un peu avant 7h du matin, dans le tabac installé dans l’ancien poste de douane. Chloé, employée, a déjà constaté qu’il y avait « moins de Français qui venaient »… quand bien même la France est située à moins de 100 mètres ! Sandrine, qui s’est arrêtée faire quelques achats sur la route de Sarrebruck (Allemagne), où elle travaille, se montre compréhensive avec les décisions de l’Allemagne, et a pris les mesures nécessaires : « Il a fallu s’organiser tout de suite. Hier matin, je suis allée faire la queue au laboratoire pour obtenir mon test PCR ». Comme elle, ils étaient nombreux à avoir pris d’assaut les laboratoires et les pharmacies en tout début de semaine. Hier, le drive test franco-allemand mis en place et pris en charge par la Sarre, a rencontré un franc succès dès son ouverture. Situé à l’entrée de Sarrebruck, quasiment sur la frontière avec la France et la commune de Spicheren, il a accueilli un flot quasi ininterrompu de frontaliers venus se faire tester. Il devait de toute façon ouvrir mais les dernières décisions politiques expliquent son succès… La plupart des Français que nous y avons rencontré affichaient leur incompréhension. « Je trouve ça inadmissible qu’on soit obligés d’en passer par là pour aller travailler tous les jours », explique Brigitte. Même son de cloche pour Christophe : « C’est scandaleux, cette discrimination envers les travailleurs frontaliers ». Tous ont dû s’organiser comme ils pouvaient. Laurent, après avoir tenté de se faire vacciner dans les laboratoires ou pharmacies du coin, s’est rabattu sur le drive. Mais il a perdu une matinée de travail… A quelques kilomètres de là, à Sarrebruck, l’entreprise ZF, l’un des gros employeurs de la région, a installé des tentes pour pouvoir tester les employés frontaliers qui le souhaitent. Plus de 1000 personnes sont concernées dans cette usine. « L’initiative de l’entreprise est très bien, explique Jean-Luc, pour nous c’est pratique. Mais la décision de l’Allemagne et de la France, je la trouve ridicule ». Jean-Marc, lui, y voit un moyen de lutter contre l’épidémie : « Bien sûr que je vais jouer le jeu. De toute façon si je ne joue pas le jeu je ne peux pas venir travailler… ». L’entreprise a indiqué qu’elle avait pratiqué 550 tests lundi et que tous s’étaient révélés négatifs.
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