Élections européennes. La Ligue des champions, c’est aussi ça l’Europe !
par Presse Océan
À deux mois des élections européennes, dimanche 9 juin 2024, le spécialiste de la politique européenne Arnaud Leclerc, professeur à Nantes, analyse les enjeux du scrutin. La campagne des élections européennes se fait beaucoup par la lorgnette des débats nationaux. Quel regard portez-vous sur l’approche des européennes à deux mois du scrutin ? Arnaud Leclerc : Depuis les premières élections européennes au suffrage universel direct, en 1979, les chercheurs ont travaillé sur la qualification de cette élection. La première fois, elle a été entourée d’un très fort enthousiasme, on était persuadés que les citoyens allaient s’approprier « l’objet Europe ». C’est tout le contraire qui s’est passé. La notion d’élection de second rang est née en 1981 pour qualifier cette élection qui n’en est pas vraiment une, portée par des débats pays par pays, sur des considérations nationales autour du fait de sanctionner les gouvernements en place. Marquée par des taux d’abstention proches des 90 % dans certains pays d’Europe centrale, l’élection n’intéresse que les citoyens les plus politisés. Mais depuis une dizaine d’années, l’Europe est un énorme sujet de débat à l’intérieur des élections nationales. En 2017, Emmanuel Macron est élu sur la bourde de Marine Le Pen sur la sortie de l’euro. C’est dans les espaces nationaux qu’émergent les sujets, ce n’est pas anormal que ce soit à l’échelle de ces sociétés qu’on en parle.Quelle est la responsabilité des médias sur le sujet ? Euradio, radio spécialisée sur les questions européennes que je préside, est née de la déception de la manière dont le débat avait été porté à l’époque du référendum sur la constitution européenne. Les médias n’ont pas toujours parlé d’Europe mais la question est revenue par la fenêtre de la crise migratoire, de l’euro, et ils ont été obligés de l’intégrer. On a interrogé des jeunes de 17-25 ans. Tous disent : « Les élections européennes ? Dans les médias, à table, dans la famille, on n’en parle pas ! » Les autres élections arrivent toujours jusqu’à eux à un moment. Ce qui m’ennuie c’est que quand on parle d’Europe, on le fait sous l’angle des institutions et de ce qui se passe entre Bruxelles et Paris, alors qu’on devrait le faire par le bas : notre quotidien, notre argent, les projets menés en local… La plupart des sujets mobilisent de l’argent européen. L’Europe est là, dans nos vies, mais on ne la montre pas, on ne la voit pas. Brexit, guerre en Ukraine, achats groupés de masques
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