Egypte : pourquoi Sissi reste notre allié, malgré tout…
par lejdd
1/ L’expulsion d’un journaliste français d’Egypte cette semaine illustre à quel point l’ambiance du tout-sécuritaire qui règne depuis des mois au Caire l’emporte sur toute autre considération, un comble alors que la France fait tout son possible pour contribuer à la stabilité de ce pays, notamment sur le plan militaire. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Egypte-pourquoi-Sissi-reste-notre-allie-malgre-tout-787873 Personne ne sait encore précisément pourquoi notre confrère correspondant du journal La Croix a été expulsé du Caire. Une chose est sûre, ce n’était pas un terroriste, et les autorités françaises ont beau exprimer leurs regrets sur ce qui s’est passé, cet épisode ne dit rien de bon sur l’évolution et les méthodes du régime du président al-Sissi, un allié que la France soutient dans sa lutte contre le terrorisme des djihadistes dans le Sinaï. Elle le soutient aussi avec l’Arabie saoudite contre l’islamisme radical partout ailleurs, mais elle sait que cette aide a un prix, celui d’apparaître comme une caution de la répression systématique des opposants en Egypte. Personne ne pleure vraiment sur le sort des Frères Musulmans dans le pays, même si certains estiment que leur décapitation et le harcèlement judiciaire à leur encontre peuvent se révéler contreproductifs. Mais il y a une réelle inquiétude sur le traitement des autres opposants, libéraux, laïques, issus du mouvement de la Place Tahrir qui sont intimidés ou pourchassés, et parmi eux, les représentants d’une presse locale et internationale pluraliste. 2/ La question se pose donc de savoir si la France ne pourrait pas rester à distance d’un régime aussi brutal et autoritaire plutôt que d’apparaître comme son allié occidental le plus solidaire. La réponse est qu’entre deux maux, la France a choisi le moindre. On est obligés de faire avec, résume parfois avec réalisme les diplomates et les militaires français en charges du dossier. Si l’on a vendu des Mistral et des Rafale à l’Egypte, si la France essaie de développer au maximum sa coopération économique avec le Caire, c’est parce que l’Egypte ne peut pas et ne doit pas se faire déstabiliser davantage. Entre ses voisins palestiniens de Gaza, l’islamisme d’Etat en place au Soudan, et le chaos libyen où les islamistes sont soutenus par la Turquie et le Qatar, l’Egypte reste le pays le plus important du monde arabe. C’est surtout un partenaire incontournable sur la question israélo-palestinienne et qui, dans le monde sunnite veut peser de tout son poids dans la résolution des crises du Moyen-Orient. Selon le président al-Sissi, je le cite, l’avenir du monde se joue en Egypte, comme s’il était le dernier rempart contre le djihadisme qui s’étend de l’Irak au Sahel en passant par les pays d’Afrique du Nord. 3/ Ce discours, c’était déjà, avant même la naissance de Daech mais au pic d’influence de l’islamisme politique incarné par les Frères Musulmans, celui que tenait le dictateur Hosni Moubarak. Le raïs fut lâché sous l’impact des printemps arabes. Al-Sissi et ses alliés ne tiennent apparemment pas à renouveler l’expérience.
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