Douarnenez. Un happening festif pour dénoncer la galère du logement
par Ouest France
Un collectif a investi le port du Rosmeur, dimanche 15 août, à Douarnenez (Finistère). Avec humour, il a voulu dénoncer les difficultés pour les locaux de se loger dans cette ville de plus en plus touristique.À grand renfort de musique techno, un pistolet à eau dans chaque main, un Monsieur Loyal à la casquette violette harangue les passants sur le port du Rosmeur : « Les Parisiens affrontent les Douarnenistes aux auto-tamponneuses. Le gagnant a le droit de s’installer à Douarnenez ! Un jeu offert par notre maire, Mme Jocelyne Poitevin ! »Les touristes, ainsi montrés du doigt, rechignent à prendre place à bord des auto-tamponneuses bricolées façon Mad Max. Mais ils semblent s’amuser du spectacle. « Nous ne souhaitons pas opposer les touristes et les locaux, assure Jean Trithe, l’un des membres du collectif qui organise ce happening. Notre problème, c’est la politique d’attractivité touristique de la ville, qui cherche à faire venir des promoteurs immobiliers et des investisseurs aisés. »L’Abri du marin comme symboleUne banderole écrit noir sur blanc la polémique qui agite Douarnenez en ce mois d’août : la mise en vente de l’Abri du marin par sa propriétaire, une « Parisienne » (comprendre non-Douarneniste), pour trois fois son prix d’achat. Vente annulée à la suite des réactions hostiles.« Cette histoire est une aberration, estime Jean. Mais notre occupation du Rosmeur était prévue avant, pour le 7 juillet. Organiser ça un 15 août, ça nous permet de mettre le doigt sur les pratiques qu’on observe chaque été. » Comme ces locataires forcés de quitter leur logement deux mois, pour qu’il soit loué à la semaine à des touristes. « Ou des locataires qui ne peuvent pas acheter, tellement le prix est élevé, et qui devront partir. »Alerter la mairieDes tote bags sont fabriqués sur place pour être vendus, avec un logo dénonçant la location saisonnière via le site AirBnB. Le café est servi aux passants et un cahier de doléances est ouvert pour tous ceux qui rencontrent des problèmes liés au logement. « On veut faire remonter ces problèmes à la mairie. Nous souhaitons que les multipropriétaires soient davantage taxés. Pas ceux qui ont une maison de famille, mais ceux qui achètent dans le but de spéculer. On ne doit pas exclure les habitants de cette ville. »Alors que la crise sanitaire a profité au marché de l’immobilier, le collectif auquel appartient Jean, formé essentiellement de jeunes de 20 à 30 ans, veut rappeler « qu’on n’a pas tous vécu la crise de la même façon. On ne vit pas la même réalité ».
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