Détention "respecto" : des cellules ouvertes en prison

par LePoint

Depuis 2015, le "module de respect" permet aux prisonniers de vivre une détention plus flexible, en échange d'une stricte obéissance aux règles. Plus de portes pour le pénitencier. À quelques kilomètres du centre-ville, entourés de barbelés et équipés d’un mirador, s’élèvent les bâtiments de béton de la prison de Mont-de-Marsan. Construit en 2008, le centre pénitentiaire fait cohabiter deux modèles de détention, deux univers carcéraux aux antipodes l'un de l'autre. Depuis 2015, en plus de la détention classique est testé un mode de détention alternatif. Des détenus qui possèdent les clés de leur cellule circulent librement dans l’établissement pénitentiaire, et cohabitent dans les couloirs avec les surveillants. C’est ce que l’on peut voir en passant la porte des bâtiments CD1 (centre de détention 1) et MA2 (maison d’arrêt 2), qui fonctionnent selon les règles du « module de respect ». Ce modèle, venu d’Espagne, « a pour objectif premier la réduction des violences en détention », explique Christelle Drouet, directrice de l’établissement. À peine la porte blindée franchie, la différence est frappante. Les sols des bâtiments « respecto » ne sont pas jonchés de détritus, aux fenêtres des cellules, pas de yoyos, ces installations destinées à faire passer des objets de cellule en cellule, et, dans les bâtiments, des détenus soucieux de leur environnement et de leur entourage. Contrat Le module de respect est un contrat, signé entre l’administration pénitentiaire et le détenu. Le prisonnier est libre d’aller et venir tout au long de la journée, y compris dans les cours de promenade. En contrepartie, il s’engage à effectuer 25 heures d’activité hebdomadaire (participation à des ateliers, des modules d'insertion professionnelle, heures de travail, investissement dans la vie carcérale...), et à adopter un comportement respectueux des règles (réveil à 7 heures, maintien d’une cellule propre, sociabilité). Un système de points prend en compte les incartades des uns et des autres et, quand la limite est atteinte, ils sont renvoyés au module classique. À Mont-de-Marsan, 188 places « respecto » sont disponibles pour le centre de détention (pour un total de 333 prisonniers), et 113 pour la maison d’arrêt (pour un total de 260 prisonniers*). Pour intégrer le module de respect, il suffit d’en faire la demande. Chacun est libre de postuler, quelle que soit la raison de son incarcération ou la durée de la peine. Une commission technique décide ensuite au cas par cas qui pourra ou non intégrer le module. « Bien sûr, si un détenu fait du prosélytisme en détention classique, on n’augmentera pas les risques en l’envoyant en module de respect. Idem s’il présente des troubles psychiatriques tels que la violence et l’imprévisibilité », précise Christelle Drouet.

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