Dépakine : une lanceuse d'alerte dans le collimateur de Sanofi
par lepointabonnes
C'est grâce à elle que le scandale de la Dépakine a éclaté. Marine Martin, 47 ans aujourd'hui, s'est vu prescrire cet antiépileptique de 1978 à 2010. « J'ai consommé pendant plus de trente ans ce produit pour éviter les convulsions », explique cette mère de deux enfants, sujette à des crises d'épilepsie. « On ne m'avait jamais dit que sa molécule [composée de valproate de sodium, NDLR] risquait d'exposer les bébés que j'allais porter à des dommages irréversibles », explique-t-elle. Lorsqu'elle donne naissance à Salomé, en 1999, et que celle-ci est diagnostiquée autiste, Marine Martin ne fait pas tout de suite le lien avec sa prise de Dépakine. C'est en 2002 à l'arrivée de son deuxième enfant, Nathan, également autiste, qu'elle commence à s'interroger. Sa conviction qu'il existe un lien entre le valproate et le handicap de ses enfants est confortée par plusieurs expertises médicales. En 2011, elle intente un procès (au civil) contre le groupe Sanofi qui commercialise la Dépakine depuis 1967. L'affaire est toujours pendante devant les tribunaux. Quelques mois plus tard, elle quitte son emploi pour fonder l'Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anti-convulsivant (l'Apesac). En 2015, elle saisit le tribunal administratif pour demander des comptes à l'Agence du médicament. Puis se tourne vers les tribunaux pénaux en 2016. En début de semaine, le 4 février, Sanofi a annoncé sa mise en examen pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires », mais une plainte pour « homicide involontaire » est sur le point d'être déposée. En parallèle, le contentieux qui oppose Marine Martin au géant pharmaceutique a pris un tour nouveau la semaine dernière lorsque cette mère de famille a reçu un courrier du greffe du tribunal administratif de Montreuil l'informant que le service juridique de Sanofi tentait d'obtenir l'annulation de sa nomination au sein du comité scientifique permanent de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). « J'avais été nommée comme patiente-expert, en juillet dernier, au même titre que d'autres représentants d'association, notamment d'Épilepsie France », pointe Marine Martin.
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