David Martinon: «La fermeture des écoles afghanes pour les filles est moralement condamnable et économiquement absurde»

par Lopinionfr

David Martinon, ambassadeur de France en Afghanistan, publie Les quinze jours qui ont fait basculer Kaboul, récit de la chute de la capitale afghane et, surtout, récit de la façon dont les diplomates, les policiers et les militaires ont évacué vers la France 1005 enfants, 851 femmes et 949 hommes. Des Français, mais aussi des Afghans ayant travaillé pour la France ou dont le sort ne faisait pas beaucoup de doutes. « J’ai écrit ce livre car je voulais faire la transparence complète sur ce que nous avions fait avant l’évacuation, pendant et depuis. Je voulais aussi rendre hommage à cette équipe », répond David Martinon.Mais est-ce que tous ceux envers qui la France a décidé d’apporter sa protection ont pu être évacués ? « Oui, à quelques exceptions près. Depuis septembre jusqu’à fin novembre, nous avons fait dix vols qui nous ont permis de ramener 700 personnes. Depuis la fin novembre, les talibans ont interrompu les vols mais nous essayons toujours de trouver des solutions logistiques pour faire venir ces personnes. »Les talibans ont annoncé, mercredi, jour de rentrée, la fermeture des collèges et des lycées pour les filles ; ce n’est pas ce qu’ils avaient promis. Un signe de plus que le régime des talibans version « soft », comme ils l’affirmaient lors de leur prise de pouvoir, n’était en fait qu’un leurre ? « C’est une décision autant moralement condamnable qu’économiquement absurde, juge David Martinon. Au moment où les talibans font face à une situation humanitaire qui est extrêmement dégradée, ils envoient au monde le signal que l’oppression des femmes reste leur priorité. »Il ajoute: « Face à cette situation, il faut continuer ce que nous avons fait, être extrêmement exigeant sur une condition de reprise des aides. La France et la communauté internationale ont été très généreuses en matière d’aide humanitaire. Mais en matière d’aide au développement, nous nous en tenons aux conditions posées par le Conseil de sécurité à la fin août, parmi lesquelles figure le respect des droits de l’Homme, donc du droit des femmes (…) Face aux talibans, les Afghans vont devoir se montrer patients et combatifs. »

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