Covid-19: où est l'argent du plan de relance?
par Lopinionfr
Il y a deux plans de relance, le plan de relance français et le plan de relance européen. Commençons par le français. Il représente 100 milliards d’euros en tout. Depuis septembre dernier, le gouvernement s’active pour le déployer concrètement sur le territoire. Comment cela se passe ? Il a défini des domaines précis, et dans chaque domaine, il publie un appel à projets, reçoit plein de dossiers, fait une sélection, et ensuite distribue les aides. Il a commencé en septembre dernier avec deux domaines prioritaires : les aides à l’industrie et les aides à la rénovation des bâtiments. Dans l’industrie, cela consiste surtout à financer la modernisation d’usines, leur décarbonation, et la création de nouvelles lignes de production. Par exemple, en février, Bruno Le Maire est allé visiter l’usine Adhex, près de Dijon, qui fabrique des matériaux adhésifs utilisés dans la santé et l’automobile. Grâce au plan de relance, elle a bénéficié d’une aide d’un million d’euros pour investir dans de nouvelles machines et créer trente emplois. En tout, fin mars, 5 000 dossiers ont été déposés par des entreprises industrielles, et 1 200 ont été choisis par l’Etat avec des aides représentant 1 milliard d’euros. Il faut noter que 61 % des lauréats qui ont reçu des aides à l’industrie sont des PME, et 30 % des ETI. Côté rénovation des bâtiments, l’Etat a sélectionné 4 200 projets partout en France auxquels il va allouer 2,7 milliards d’euros d’aides. Il s’agit de rénover des commissariats, des universités… Il y a en ce moment des appels d’offres auprès des entreprises du bâtiment pour distribuer ces projets. Et puis, depuis janvier, les autres axes du plan de relance commencent à être déployés, on est dans la phase d’appels à projet et de sélection des projets. Il y a des rénovations de logements sociaux, des dépollutions de friches, des aides à la culture, aux agriculteurs, à la recherche. Si on fait le bilan total, pour le moment, 26 milliards d’euros ont été dépensés dans le plan de relance : 10 milliards d’euros l’année dernière, 10 milliards d’impôts de production, et 6 milliards d’euros dépensés depuis le début de l’année sur les premiers projets sélectionnés. Maintenant, vous allez me dire, et le plan de relance européen, késako ? Sur ce plan européen de 750 milliards d’euros, la France doit récupérer 40 milliards d’euros. Ces 40 milliards serviront à financer le plan de relance français. Sur les 100 milliards du plan français, 40 milliards viendront de l’Europe. Normalement, les premiers fonds européens doivent arriver cet été. Or il y a en ce moment deux craintes : 1) que les fonds arrivent en retard, et 2) que le plan européen soit trop petit. C’est à ça que faisait référence Emmanuel Macron la semaine dernière, lorsqu’il a dit que nous étions « trop lents, et trop complexes ». Sur le retard, c’est vrai qu’il y a plusieurs blocages. Chaque Etat membre doit présenter à la Commission européenne comment il souhaite dépenser l’argent de la relance, et obtenir la validation de la commission, donc il y a des négociations compliquées avec des allers-retours. Par ailleurs, chaque Etat membre doit aussi donner son autorisation à la commission pour qu’elle s’endette sur les marchés. Mais certains pays traînent la patte, comme la Pologne, la Hongrie, et l’Allemagne, dont la cour constitutionnelle vient de s’opposer à la ratification du plan. Ce retard est-il vraiment préoccupant ? Pas trop, pour le moment. Les pays européens ne sont pas sortis de la crise, et pour le moment, ils peuvent avancer les fonds en empruntant eux-mêmes sur les marchés, et l’Union européenne les remboursera plus tard. C’est ce que fait la France.
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