Covid-19 en Inde: comment l'épidémie est devenue hors de contrôle
par l'Opinion
« Ce nouveau variant (indien), c’est une étincelle qui est allée enflammer l’ensemble des quartiers des grandes villes et aussi dans les campagnes », commente Jean-Joseph Boillot, chercheur à l’Iris, spécialiste de l’économie indienne. L’Inde a fait état vendredi de 332 730 nouveaux cas de contamination par le coronavirus au cours des dernières 24 heures, soit le nombre quotidien le plus élevé au monde pour le deuxième jour consécutif, alors que des incidents se multiplient dans des hôpitaux au bord de la saturation. « Les derniers chiffres d’hier, on sait qu’il faut les multiplier à peu près par 30, pour faire simple, montrent l’ampleur aujourd’hui du choc », ajoute ce spécialiste. Le nombre de décès supplémentaires liés au Covid-19 a également atteint un record sur les dernières 24 heures avec 2 263 victimes recensées, a déclaré le ministère de la Santé. Il faut rappeler que l’Inde compte près d’1,4 milliards d’habitants. « Le pays ne dispose pas, tout simplement, d’un appareil statistique capable d’enregistrer les choses », estime Jean-Joseph Boillot. Les autorités dans le nord et l’ouest de l’Inde, notamment dans la capitale New Delhi, ont fait savoir que les hôpitaux étaient pleins et manquaient de réserves en oxygène. « Il y a une très grande fragilité en termes de niveau de vie et de robustesse du système de santé », témoigne le chercheur. « Les grands spécialistes estiment que ce sera à peu près 50% de la population indienne qui va être touchée par cette vague épidémique », ajoute-t-il. Mais le Premier ministre indien Narendra Modi a déclaré récemment qu’il fallait à tout prix éviter un nouveau confinement national. Pour Jean-Joseph Boillot, « les spécialistes, là-dessus, s’accordent pour parler d’une gabegie, d’une insouciance terrible », de la part des autorités indiennes. « La vaccination, elle, progresse à un rythme insuffisant. On a moins de 5% de la population indienne qui a été vaccinée et ça ne protège probablement pas de ce nouveau variant », poursuit Jean-Joseph Boillot. Ce variant « a, en particulier, deux mutations qui pourraient entraîner une résistance à la vaccination », affirmait ce mercredi Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses de l’Hôpital Saint-Antoine (Paris), sur Franceinfo. « A ce stade, bien que ce variant soit classé VOC (variant of concern) et suivi de près par les autorités sanitaires indiennes, aucun lien n’est établi entre l’émergence de ce variant et la dégradation récente de la situation épidémiologique, précise Santé Publique France dans une étude publiée le 8 avril. Toutefois, il est vraisemblable que cette dégradation de la situation sanitaire soit au moins en grande partie due aux nombreux grands rassemblements qui ont eu lieu récemment partout dans le pays et à une faible adoption des mesures de prévention par la population générale. »
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