Covid-19: au Brésil, l'entêtement de Bolsonaro face au variant P.1 met le monde en danger
par l'Opinion
La situation sanitaire semble hors de contrôle au Brésil où l’on déplore jusqu’à 4 000 décès quotidiens liés à la Covid-19. Avec près de 350 000 morts, c’est l’un des pays les plus touchés au monde. « C’est l’un des grands foyers mondiaux actuellement avec une très forte mortalité », commente l’épidémiologiste Antoine Flahault. « Il y a un vivier au Brésil qui est inquiétant parce qu’il mélange une vaccination imparfaite, assez faible de la population, avec une circulation très élevée du virus mais aussi de très nombreux variants – on parle souvent du variant P.1 et du variant brésilien parce que c’est celui qui est le plus prévalant dans le monde et aussi, d’ailleurs, au Brésil », poursuit l’épidémiologiste. Un vivier qui pourrait menacer le reste du monde. Pour Gaspard Estrada, directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (Opalc) à Sciences Po, « la gestion de la pandémie du gouvernement Bolsonaro est tout simplement catastrophique (...) Bolsonaro est préoccupé par une chose, son maintien au pouvoir. » Le leader populiste brésilien Jair Bolsonaro a fait le choix de protéger l’économie plutôt que de lutter contre l’épidémie. Une gestion de crise très critiquée. « Près de 60% des Brésiliens n’approuvent pas l’action gouvernementale », détaille Gaspard Estrada. La vaccination, elle, avance à un rythme trop insuffisant pour freiner la progression de l’épidémie. Et le variant brésilien P.1, particulièrement virulent, continue de faire des ravages. « Il est peut-être deux à trois fois plus contagieux donc c’est vraiment un variant qui se répand, complète Antoine Flahault. Les scientifiques brésiliens de l’Institut Fiocruz – équivalent brésilien de l’Institut Pasteur – ont identifié près de 90 nouvelles souches du coronavirus en circulation. » L’inquiétude monte d’ores et déjà quant à l’efficacité des vaccins contre le variant P.1. « Pour le moment, il n’est pas rapporté dans la littérature ou par les autorités de santé, un grand nombre de formes graves survenues avec des personnes vaccinées qui auraient été infectées par le variant P.1. », explique Antoine Flahault. « Bien entendu, il faut du temps pour cela parce qu’il faut qu’une partie suffisante de la population soit vaccinée et qu’ensuite elle soit exposée à ces variants, nuance-t-il. Donc peut-être qu’un jour on apprendra que des gens sont à nouveau en soins intensifs alors qu’ils ont été infectés par le variant P.1 et qu’ils étaient vaccinés. » Le risque est aussi de voir le variant brésilien se diffuser massivement au reste du monde, menaçant ainsi la sortie de crise. Et si certains pays ont fait le choix de suspendre les vols en provenance du Brésil, ça n’est pas le cas de la France. Comme l’indique le site Flight Radar, deux vols ont atterri à Roissy (Paris) ce dimanche : l’un en provenance de Rio de Janeiro à 7h22, l’autre de Sao Paulo à 7h34. « Il y a très peu d’arrivées : d’habitude, vous avez près de 50 000 personnes qui arrivent du Brésil, on est à 1 000 par semaine aujourd’hui », a assuré ce dimanche sur LCI le secrétaire d’État chargé des affaires européennes Clément Beaune.
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