Climat : après Lima, cap sur Paris 2015 pour limiter la hausse des températures à 2 degrés
par euronews-fr
Alors que la 20ème conférence de l’ONU sur le climat vient de se terminer à Lima au Pérou, faisons le point sur ce dossier au coeur de notre quotidien. Nous retrouvons en duplex, Jean JOUZEL. Climatologue et Vice-président du GIEC, le Groupe d experts intergouvernemental sur l‘évolution du climat. Jean Jouzel : “En fait je suis vice-président du groupe scientifique du GIEC, mais effectivement le GIEC vient de faire un rapport extrêmement important dans le contexte de cette conférence de Lima”.Fabien FARGE, Euronews : 2014 est l’année la plus chaude que nous ayons connu sur Terre d’après l’Organisation Météorologique Mondiale. Pourquoi ?Jean Jouzel : “Pourquoi? Et bien parce que ça s’inscrit dans une série d’années chaudes. En fait, toutes les dernières années ont été les plus chaudes et nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique. Alors, que ce soit l’année la plus chaude il n’y a pas de raison spécifique, mais que ce soit une année chaude c’est vraiment ce qu’on attend. On attend un réchauffement de la planète de l’ordre de 1 à 2/10ème de degré Celsius par décennie, et c’est ce que nous sommes en train d’observer aux cours des 50 dernières années”. Fabien FARGE, Euronews : Justement, l’activité humaine est-elle vraiment responsable, la seule responsable de ce phénomène?Jean Jouzel : “L’activité humaine est la responsable d’une large partie du réchauffement climatique que nous avons vécu au cours des 50 dernières années. En France c’est plus de 1ºC, au niveau mondial c’est 2 tiers de dégré, et ces 2 tiers de degré sont attribuables pour une large part, même pour l’essentiel, aux activités humaines, en premier lieu à nos émissions de gaz à effet de serre qui sont dues pour une large partie à l’utilisation de combustibles fossiles. 75 % de notre augmentation des émissions de gaz a effet de serre est liée a notre utilisation de pétrole, charbon, de gaz naturel, d’autres gaz à effet de serre, le métane, le protoxyde d’azote, sont plus liés aux pratiques agricoles. Mais c’est vrai qu’au coeur du débat actuel, c’est l’utilisation de combustibles fossiles qui est le premier responsable du réchauffement que nous vivons actuellement, et de celui que nous vivons depuis une cinquantaine d’années”. Fabien FARGE, Euronews : Pouvons nous encore limiter le réchauffement de la planète a 2 degrés comme le souhaite l’ONU et en finir avec la spirale infernale, ou le réchauffement de la planète est-il inéluctable ?Jean Jouzel : “Disons que le réchauffement à long terme est directement proportionnel à la quantité cumulée de gaz carbonique que nous avons émise. Et si nous voulons rester en dessous de 2ºC, nous n’avons plus le droit que d‘émettre un peu près 900 milliards de tonnes de gaz carbonique, c’est à dire 25 ans au rythme actuel. Et cela ne représente que 20 % des réserves de combustibles fossiles que nous avons sous les pieds. Donc nous devons laisser là où ils sont l’essentiel du charbon, du gaz, du pétrole qui nous sont facilement accessibles. Et c’est un des messages très forts de cette conférence de Lima.Mais j’aime bien le discours de Ban Ki-moon hier, à savoir que rester en dessous de 2ºC c’est toujours possible, c’est techniquement possible et c’est économiquement très viable”. Fabien FARGE, Euronews : Alors justement, Jean Jouzel, sur le chemin de 2020, il y a donc eu Lima, il y a aussi le grand rendez-vous de Paris, conférence qui aura lieu dans un an. Quels objectifs, quelles perspectives, quels sont les enjeux justement de Paris ?Jean Jouzel : “Les trois objectifs principaux sont: l’avant 2020, c’est discuté ici à Lima, mais pas de façon assez ambitieuse. Donc, il faut augmenter l’ambition pour le pré-2020. Pour l’après 2020, il y a déjà eu des engagements de l’Europe: moins 40 % en 2030. Il y a des engagements de la Chine, des Etats-Unis, qui ne sont pas assez ambitieux par rapport à l’objectif de 2ºC, mais c’est déjà un premier pas très important. Il faut remonter l’ambition de ces engagements et il faut engager tous les autres pays de la planète dans des engagements qui nous permettent effectivement de diviser par deux, voire par trois, nos émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Et puis, il y a ce point très important du financement de l’adaptation au réchauffement climatique, aussi de la lutte contre le réchauffement climatique, dans les pays en voie de développement”.Fabien FARGE, Euronews : Jean Jouzel merci d’avoir repondu aux questions d’euronews.
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25 novembre 2024 - leparisien