Cécile Duflot, héritière de… Jacques Chirac

par lejdd

La politique en coulisses : Dominique de Montvalon, rédacteur en chef au Journal du Dimanche, décrypte l'actualité politique. Cette semaine, il revient sur la stratégie de l'écologiste Cécile Duflot. Et si Cécile Duflot ressemblait au Jacques Chirac d’il y a quarante ans ? Façon de suggérer que l’ex-ministre du logement, talentueuse et agaçante, est en train de s’imposer, à 40 ans tout juste, en jouant des coudes et en roulant parfois ses meilleurs amis dans la farine, comme une personnalité-clé du monde politique. Car n’accède pas qui veut, en haut de l’échelle, à ce cercle étroit et très fermé. Entendons-nous. Le destin de la leader écologiste sera peut-être celui de l’ancien maire de Lyon Michel Noir qui, après avoir rêvé, sondages à l’appui, de l’Elysée et s’y être préparée, a un jour, il y a vingt-cinq ans, chuté très lourdement. Grisé, il s’était vu trop beau. Mais il est un autre scénario –plus flatteur pour la députée de Paris : celui qui ferait ressembler Cécile Duflot au Chirac des années 70. Autrement du au jeune héritier de Georges Pompidou, très ambitieux, mi-chaleureux mi-calculateur, qui avait sa propre idée du destin de la France et dont l’objectif central était d’arriver au sommet en écartant pour cela de son chemin, et brutalement s’il le faut, ceux qui pouvaient contrarier son destin. En écartant d’abord en 1974 le gaulliste historiques Jacques Chaban-Delmas, dont le conseiller social s’appelait à l’époque Jacques Delors. Chirac, pour briser Chaban, avait choisi de rallier Giscard, devenant ensuite son premier Premier ministre. Puis était venu le temps d’écarter Giscard : Chirac a alors claqué la porte de Matignon, expliquant qu’il ne disposait plus des « moyens nécéssaires » pour exercer ses responsabilités de Premier ministre et entamant une longue marche, parfois cahotique, qui, plus tard, le conduira jusqu’à l’Elysée. On n’en en est pas là avec Cécile Duflot qui, elle, a tout juste claqué la porte (de gauche) du ministère du Logement, ne supportant ni Valls ni sa politique. Ce sera Valls ou elle, croit-elle. En l’état, il est au moins un point commun entre le Chirac des années 70 et Cécile Duflot aujourd‘hui : pour s’affirmer, pour grimper, pour s’imposer, c’est d’abord contre leur propre camp qu’ils bagarrent, revendiquant les dégâts qu’ils provoquent, pariant à terme sur avenir radieux. Radieux autour d’eux. En 1976, Chirac : « Giscard, jamais !». Et même, on l’a vu en 1981 : plutôt Mitterrand ! En 2015, Cécile Duflot : « Valls jamais ! » Et tant pis pour la casse. L’objectif premier de Cécile Duflot : briser la tentation de ceux de ses amis prêts à rallier Hollande. S’ils doivent le faire, ce sera parce que les socialistes en auront payé le prix, et ce sera alors elle-et personne d’autre- qui conduira le peloton des ralliés. CQFD. Comme Chirac jadis, Duflot a –à en revendre- de l’ambition, du culot, l’art des « petites phrases » (le « logiciel périmé» de Valls), le cynisme des capitaines (Hollande, Placé, Mélenchon en savent quelque chose. L’amie de Martine Aubry a, en outre, la conviction qu’elle peut incarner l’après-PS au sein d’une gauche qui se délite idéologiquement. Ce qu’elle ne dit pas, mais pense très fort (au risque de l’imprudence) : les choses étant ce qu’elles sont, l’avenir à gauche, ce ne peut être que Valls ou elle. Donc, il faudra que ce soit elle puisqu’elle seule –n’est-ce pas- est vraiment «de gauche».

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