Ce qui y est et ce qui n'y est pas ou du Robert, des cômes et du ramasse-bourrier

par Ouest France

Le billet décalé. Calixte de Nigremont propose, chaque samedi, une chronique humoristique en réclamant l’indépendance de l’Anjou.« L’on fait, ces jours, beaucoup de cas (et plus encore de polémiques) de l’entrée, dans le dictionnaire le Robert, d’une invention singulière : le pronom iel, contraction/fusion de il et de elle, visant à instaurer dans une langue française qui ne le connait pas un genre neutre sur le modèle du « they » anglais. Inutile de dire que, sans surprise dans un siècle où tout est motif à crêpage de chignon, la nouvelle met le monde de la lexicographie en émoi, les grammairiens à deux doigts du pugilat, et les universitaires au bord du collapsus.Vu d’Anjou (et particulièrement vu d’Anjou libre), le scandale du Robert réside moins dans l’entrée du pronom incriminé dans un dictionnaire reconnu comme une référence dans l’ensemble de la francophonie que dans l’absence de ce même dictionnaire de termes dont l’importance ne saurait être contestée par personne (en tout cas par aucune personne sensée, demeurant entre La Flèche et Thouars). Ainsi l’on cherchera en vain dans les pages robertines ce qu’est une côme (quand chacun pourrait apprendre qu’il s’agit de la trace d’un choc sur une carrosserie – qui donne le verbe cômer), l’on peinera à y trouver (et pour cause, il n’y est pas !) le verbe abernaudir (prévision de pluie – il s’agit d’un verbe pronominal qui, comme le verbe pleuvoir, ne se conjugue qu’à la troisième personne ce qui explique que la plupart du temps seul le temps s’abernaudit), l’on n’y rencontrera nulle part ce que signifie barrer une porte (claver – entendez fermer à clef)… Je crois ne pas trop m’avancer en disant qu’il se trouvera, parmi notre lectorat, nombre de quidams utilisant quotidiennement les mots since (serpillère – et son verbe sincer), sans parler du ramasse-bourrier indispensable à tout angevin (que je ne vous ferai quand même pas l’injure de vous définir). Ces même quidams (et je ne veux là, en rien, insulter notre lectorat. On ne mort pas la main qui vous nourrit – grassement), sans doute, ignorent jusqu’à l’existence du pronom iel (et comment, judicieusement, le glisser dans la conversation). En conclusion, iel, si vous y tenez mais côme d’abord (et since, bourrier, etc…) ! »

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