Candidats en prison ou en exil : élections atypiques en Catalogne
par Ça Zap - Zapping TV
Candidats en prison ou en exil : élections atypiques en Catalogne. Les partis indépendantistes catalans sont entrés mardi en campagne pour les élections régionales du 21 décembre, avec leurs principaux candidats en prison ou en exil, en dénonçant la "répression" de l'État espagnol après leur tentative de sécession. Mardi vers 00H00, les premiers meetings électoraux se sont tenus, dont l'un à Barcelone, durant lequel Carles Puigdemont, le président destitué de Catalogne, en exil à Bruxelles, s'est adressé à ses partisans via une vidéoconférence, dans un message dirigé contre Madrid. "Ils (Madrid) veulent mettre tous les obstacles possibles pour que nous ne puissions pas faire campagne à égalité avec les autres candidats", a-t-il lancé, affirmant que les électeurs "peuvent choisir entre nation et soumission", et "entre les institutions catalanes ou les personnages obscurs de Madrid". Sur son siège vide dans la salle du meeting, un ruban jaune, symbole du soutien des indépendantistes à leurs dirigeants emprisonnés. Même ruban jaune sur un fauteuil vide, 100 km plus au nord, à Vic, où un autre meeting s'est tenu en l'absence du vice-président de Catalogne, Oriol Junqueras, dont un juge d'instruction de la Cour suprême a refusé lundi la liberté provisoire, ainsi qu'à trois autres dirigeants séparatistes, poursuivis pour leur rôle dans la sécession manquée. Douze des treize membres du gouvernement déchu sont candidats aux élections, dont Carles Puigdemont et Oriol Junqueras, qui rivalisent pour la direction du camp séparatiste. Carles Puigdemont entend faire campagne depuis la Belgique où il s'est exilé avec quatre de ses "conseillers" (ministres) pour échapper aux poursuites. Ses avocats prévoient qu'ils y resteront jusqu'après les élections, en épuisant toutes les voies de recours contre la demande d'extradition de l'Espagne. Tous sont poursuivis pour avoir préparé pendant deux ans la tentative de sécession de la Catalogne qui, après un referendum d'autodétermination interdit, a débouché le 27 octobre sur une proclamation unilatérale de la "République catalane". Le gouvernement espagnol avait réagi immédiatement en plaçant la région sous tutelle, destituant le gouvernement régional et dissolvant le Parlement pour convoquer un nouveau scrutin à la fin du mois. - Discorde chez les séparatistes - Aux dernières élections en 2015, les indépendantistes avaient remporté la majorité absolue des sièges au parlement régional, avec 47,8 % des voix. Mais ils avaient alors conclu une alliance électorale, alors qu'ils se présentent cette fois-ci sur des listes séparées et sans programme commun. "Vu les désaccords persistants entre les partis sécessionnistes sur la voie à suivre, leurs dirigeants ont intérêt à faire campagne sur les griefs contre le gouvernement central en laissant leur programme dans le vague", a estimé Antonio Barroso, du cabinet de consultants Teneo intelligence. Le parti Esquerra Republicana Catalana (ERC, gauche républicaine) d'Oriol Junqueras, un professeur d'histoire de 48 ans, est en tête dans les sondages et entend diriger un prochain gouvernement séparatiste. Ce parti ne fixe plus de date pour une éventuelle indépendance, reconnaissant qu'elle est hors d'atteinte pour le moment, faute de consensus en Catalogne. M. Puigdemont, qui a créé sa propre liste, Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), n'a renoncé à rien. En cas de victoire, il prétend être rétabli au pouvoir comme "président légitime" et mettre ainsi Madrid en échec. "D'ici au 21 décembre, la dispute dans le camp indépendantiste va s'aggraver et ils vont échanger des coups, prévoit Oriol Bartomeus, professeur de Sciences politiques à l'Université autonome de Barcelone. Leur problème, c'est que cela pourrait provoquer une fuite des voix et au bout du compte empêcher les indépendantistes de reconduire la majorité absolue".
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