Bac «en chocolat»? Un (vieux) débat à son paroxysme
par Lopinionfr
Des notes retenues, des profs qui refusent de délibérer : jusqu’à la fin, les enseignants ont mis sous pression les résultats du baccalauréat qui ont été révélés ce vendredi pour protester contre la réforme du lycée de Jean-Michel Blanquer. Jean-Michel Blanquer qui en bout de course semble avoir tenu sa promesse, à savoir que tous les candidats au bac auraient une note ce vendredi - et cela semble être le cas. Mais à un prix qui ne passe pas pour les enseignants : ils dénoncent une rupture d’égalité. Rupture d’égalité, pourquoi ? Parce que le ministère de l’Education a décidé que lorsque les notes étaient retenues, c’est-à-dire qu’un professeur a refusé de les entrer dans la plateforme dédiée, elles seraient remplacées par la moyenne des notes reçues durant l’année de manière provisoire pour que les jurys puissent délibérer. En somme le ministère a proposé en solution un échantillon de sa réforme du baccalauréat puisqu’elle propose à partir de 2021 de donner une place prééminente au contrôle continu. La légalité de cette solution n’est pas tranchée, rappelons-le, mais cette longue bataille met un autre problème en lumière. Pour les professeurs, en ne notant pas tous les élèves sur la même base, on dévalorise le bac avec des notes rapportées ou revalorisées. Or cette critique elle ne date pas de l’édition 2019 du bac puisque les profs dénoncent depuis plusieurs années les barèmes, trop favorables, ou les harmonisations des notes. En bref, des notes qui sont tellement revues en aval qu’elles ne reflètent pas le réel niveau de la copie. Ce que les solutions proposées ces derniers jours par le ministère illustrent, c’est un peu l’ensemble des failles du baccalauréat en sa forme actuelle. Celle d’un examen dans à la notation opaque - mais bonne dans l’écrasante majorité des cas - quitte à passer par du rafistolage. En 2008 déjà, un rapport sénatorial pointait du doigt la réunion d’harmonisation des notes qui a lieu après la correction des copies en disant que cela entretenait un “soupçon latent autour des copies du baccalauréat”. Les revalorisations de notes ou les recours à des notes du contrôle continu, ce n’est pas nouveau. Quant au remplacement de notes d’examen écrit par celles du contrôle continu, cela a déjà été une solution en cas de pertes de copies par exemple. Paradoxalement ces événements pourraient donc donner des arguments pour la réforme du baccalauréat. Parce que ces problèmes, on ne les rencontre pas avec le contrôle continu : avec moins d’incertitudes ou de dépendance aux aléas on évite les harmonisations à excès et les rafistolages. De quoi peut-être redonner une valeur aux notes, et un poids à l’examen.
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