«Aucun grand pays comparable au nôtre n’a cet écart entre sa richesse réelle et son pessimisme!», s’étonne Denis Olivennes
par Lopinionfr
Denis Olivennes signe Le délicieux malheur français aux éditions Albin Michel, essai dans lequel l’auteur tente d’expliquer pourquoi on est si malheureux en France et pourquoi nous nous complaisons dans ce malheur. « On a les dépenses sociales du Danemark et le niveau du bonheur du Mexique, deux fois moins riche que nous !», explique notamment notre invité. Il ajoute: «Il y a une dissonance qui n’existe que pour nous. Aucun grand pays comparable au nôtre n’a cet écart entre sa richesse réelle et son pessimisme ! J’ai essayé de comprendre ça (…) Je crois qu’en fait il y a des raisons profondes, objectives, matérielles à ça. Ce que j’identifie, c’est que notre modèle social construit en 1945 a été mal construit.» Il ajoute : «Cela ne se voyait pas pendant les années de croissance mais cela se voit maintenant alors que la tension pour la répartition est beaucoup plus forte. Ce modèle a deux vices principaux : nous sommes le pays des 44 régimes de retraite, des 300 ou 400 systèmes d’assurance-maladie, des 500 niches fiscales… Nous avons fabriqué l’égalité injuste ! (…) Aussi, notre mécanique de prélèvement par des cotisations écrase les classes moyennes (…) On a prétendu consacrer les classes moyennes et, en fait, elles ont été massacrées». Pour s’en sortir, notre invité préconise de raisonner « hors cadre» et de ne pas avoir peur de remettre en cause notre modèle « sans remettre en cause son niveau de générosité», insiste-t-il. « Il faut lancer le débat apaisé autour de cette question du modèle. On peut le remettre en cause sans remettre en cause le niveau de ses prestations sociales ! (…) La première des choses à faire, me semble-t-il, c’est d’arrêter de vouloir travailler moins que les autres pays, avoir un niveau de protection sociale très élevé et un niveau de croissance élevé. C’est incompatible. On est l’un des pays du monde occidental le plus égalitaire et qui travaille le moins !».
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