Association One Voice : "Il faut sauver Jumbo"
par LePoint
L'association One Voice se bat pour que le cirque Muller, rattaché à une commune de la Drôme, ne puisse plus garder l'animal enfermé. « Nous avons demandé à la préfecture de retirer l'autorisation du cirque de garder Jumbo captif. Ses conditions de détention ne sont pas en règle ». Muriel Arnal, présidente de l'association One Voice, s'est récemment lancée dans un combat juridique pour que Jumbo, un hippopotame d'une trentaine d'années, recouvre sa liberté. La procédure, qui a été examinée lundi matin par le tribunal administratif de Grenoble, vise à montrer que les conditions de vie de l'animal sont « contraires à ses besoins biologiques et comportementaux », explique-t-elle. En cause : le manque d'eau. À l'état sauvage, les hippopotamus amphibius, en voie d'extinction, sont des êtres semi-aquatiques, passant la majeure partie de la journée dans l'eau et vivant en troupeau. Ils se nourrissent d'herbe fraîche, qu'ils broutent quatre à cinq heures par jour. L'eau est absolument déterminante pour ces animaux, qui s'en servent pour réguler leur température mais aussi pour soulager leurs articulations du fait de leur poids important (les plus gros spécimens atteignent deux tonnes). La piscine de Jumbo est-elle conforme ? Un arrêté du ministère de l'Écologie pris en 2011 impose aux cirques des conditions très strictes pour leur permettre de posséder un hippopotame dans leur parc animalier. À chaque stationnement, le cirque doit ainsi mettre à la disposition de l'animal une piscine de 30 mètres carrés, chauffée à 22 degrés et dotée d'une profondeur minimale de 1,50 m. Des conditions volontairement drastiques qui, en pratique, sont difficiles à mettre en œuvre. Comment, en effet, déverser régulièrement dans un bassin mobile près de 51 000 litres d'eau, tout en la conservant à la température souhaitée ? Après une enquête menée par ses bénévoles, l'association One Voice a jugé que les critères fixés par la loi n'étaient pas respectés. Elle a donc saisi la préfecture en juin 2017 pour qu'elle ordonne le placement de Jumbo dans un sanctuaire pour hippopotames, ce que la préfecture a refusé de faire. One Voice a alors saisi le tribunal administratif d'un référé pour excès de pouvoir, lequel a été examiné lundi matin. Le tribunal doit rendre sa décision dans quelques jours. Enfermé dans une remorque L'association de protection des droits animaux a fait valoir que Jumbo était enfermé dans une « remorque sombre » 23 h 30 sur 24 et qu'il ne participait pas au spectacle. Sa détention n'aurait donc pour seul but que de le présenter au public lors de la traditionnelle visite des animaux du cirque. Pour le Dr Pierre Gallego, vétérinaire consultant de One Voice, les conditions dans lesquelles Jumbo est détenu sont donc contraires à la réglementation et à son « bien-être ». Des accusations réfutées par la préfecture. Les autorités font savoir qu'elles ont inspecté le cirque à 17 ces dix dernières années et que le dernier rapport d'inspection remonte au 14 juin 2017. Aucun ne fait état d'un problème particulier, de boiterie ou de lésion apparente, d'un comportement prostré ou agressif. Sauf que, selon nos informations, la vétérinaire qui a procédé à l'inspection en 2017 n'a pas fait d'examen clinique, elle a juste dressé un état sanitaire de la bête : « Je n'ai pas touché l'hippopotame », nous résume-t-elle, contactée par Le Point.fr. La visite vétérinaire n'était pas impromptue « Lorsque j'ai rendu visite à l'hippopotame, celui-ci disposait d'un grand bassin – suffisamment profond – et d'un espace important, certainement le plus grand du parc animalier », ajoute la vétérinaire, qui a jugé les conditions de vie satisfaisantes. « Cependant, je ne peux pas savoir si ces conditions sont identiques dans chacune des villes où le cirque se rend. » Précision importante : la visite n'était pas impromptue. Initialement, la vétérinaire s'était rendue sur place pour « pucer un serpent », confie la professionnelle. Et c'est à cette occasion que les propriétaires lui ont demandé de contrôler l'état sanitaire des autres animaux, dont Jumbo. On se doute que la direction du cirque a donc tout fait, à ce moment précis, pour respecter la réglementation… Le tribunal administratif de Grenoble doit se prononcer dans les prochains jours. Une chose est sûre : si la situation de Jumbo devait évoluer, cela pourrait constituer une jurisprudence intéressante pour les associations qui réclament de longue date que les animaux sauvages soient interdits dans les cirques. C'est déjà le cas dans de nombreux pays européens. En France, certaines villes, comme Montreuil ou Lieusaint, ont également franchi le pas. https://is.gd/E615fn
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