Asséché, l’un des plus grands fleuves du Maroc ne se déverse plus dans la mer
par leparisien
L’assèchement d’un des plus longs fleuves du Maroc, qui se jetait dans la Méditerranée, menace les terres agricoles et la biodiversité. « Son débit a faibli à cause de la surexploitation de ses eaux. Le phénomène est dramatique », s’attriste l’écologiste Mohamed Benata, en photographiant l’embouchure du fleuve située à quelques kilomètres de la cité balnéaire de Saïdia (nord-est), près de la frontière algérienne.Pire encore, l’eau de mer remonte « sur 15 km » dans le lit de la Moulouya, qui parcourt plus de 500 km depuis les montagnes du Moyen-Atlas, poussant les riverains à abandonner l’exploitation de leurs terres à cause d’un excès de salinité. Impact direct du phénomène, accentué par la sécheresse : sur la rive droite, dans la commune rurale de Karbacha, les melons sont jaune pâle et difformes, leurs tiges toutes sèches couvrent plusieurs hectares de la plantation d’Ahmed Hedaoui. « Même les sangliers n’en veulent pas », raille-t-il. « Tout est mort à cause de la rareté des pluies et surtout de la salinité du fleuve », constate le cultivateur.L’aridité est amenée à augmenter progressivement au Maroc jusqu’en 2050 en raison de la baisse attendue de la pluviométrie (-11 %) et de l’augmentation de la température (+1,3 °C), selon un rapport du ministère de l’Agriculture. Elle entraînera une « diminution de la disponibilité en eau d’irrigation de plus de 25 % », prédit-il. « Ce qui me chagrine le plus, c’est de voir mes enfants obligés de travailler ailleurs, dans d’autres exploitations, alors qu’on a nos propres terres », déplore le cultivateur Abderrahim Zekhnini. Sur la rive gauche de la Moulouya, ce n’est pas mieux : « Nous cultivons ces terres de père en fils mais la situation se dégrade, ça va de mal en pis », confie, amer, Samir Chodna.
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