Afghanistan : « Les talibans ne sont plus les ruraux des années 90 »
par leparisien
Kaboul est tombé en 10 jours. L’Afghanistan est de nouveau aux mains des talibans. Après 20 ans d’absence à la tête de l’État, les extrémistes religieux ont décidé, cette fois, d’adopter une autre stratégie et de faire les choses différemment. Avec plus de diplomatie, plus de modernité et de compromis apparents pour s'attirer les faveurs de la communauté internationale ou en tout cas, éviter ses foudres. Le but ? « Rassurer pour assoir leur pouvoir », explique Michael Barry, professeur en chef à l’Université américaine de Kaboul et spécialiste de l’Afghanistan. « Accepter ces concessions pour argent comptant, c’est en fait, faciliter la prise de pouvoir d’un groupe politique théocratique totalitaire », poursuit-il. En terme de communication aussi, les talibans usent des outils démocratiques modernes. Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a même tenu sa première conférence de presse à Kaboul ce mardi 17 août. « On a à faire maintenant à des diplomates qui parlent anglais et qui savent dire aux différentes chancelleries ce qu’elles veulent entendre, pourvu que les talibans arrivent à leur fin », précise Michael Barry.Sur fond de retrait des troupes américaines, appui du Pakistan et de la Chine, ressentiment ethnique, le spécialiste explique comment les talibans se sont servis des codes politiques et diplomatiques pour légitimer leur retour au pouvoir. Mais la finalité reste la même : appliquer la charia, « les châtiments seront aussi terrifiants qu’ils l’étaient dans les années 1990, mains coupées, amputations au sabre, lapidations. Ce sera un régime de terreur », prévient celui qui est aussi écrivain et humanitaire. La priorité absolue pour Michael Barry : « défendre les femmes afghanes, c’est défendre l’humanité, le déni de leur droit est un déni de l’humanité », conclut-il, la gorge serrée.
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