À Bastia en Corse, des milliers de manifestants pour Colonna, des bâtiments publics incendiés
par Huffington Post
CORSE - ”État français assassin.” Le ton a été très vite donné ce dimanche 13 mars à Bastia lors de la manifestation en soutien à Yvan Colonna, onze jours après l’agression en prison de ce militant indépendantiste condamné pour sa participation à l’assassinat du préfet Érignac. Repris par les quelques milliers de personnes partis sous une pluie fine et froide du palais de justice, ce slogan traduisait la tension dans l’île depuis le 2 mars et l’agression de l’ancien berger à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône), qui l’a plongé dans le coma. Les heurts ont cessé vers 21h30, a constaté France 3 Corse. “Liberta, Liberta !”: capuches sur la tête pour les plus jeunes, parapluie pour les plus âgés, toutes les générations étaient représentées dans une foule sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux frappés de la tête de Maure, ainsi que des banderoles portant le visage de Colonna. La colère a débordé dès l’arrivée du cortège à la préfecture, avec des échauffourées entre les forces de l’ordre et 200 à 300 manifestants encagoulés, vêtus de noir et pour certains équipés de masques à gaz. Gaz lacrymogènes et canons à eau d’un côté, cocktails molotov, bombes agricoles et cailloux récupérés sur les voies ferrées de l’autre: les plus modérés ont vite dû déserter. “Ne filmez pas, salauds de Français”: pour certains, la présence des journalistes sur place n’était visiblement pas souhaitée. Selon le dernier point de la préfecture, il y a eu 67 blessés dont 44 membres des forces de l’ordre. À la dispersion de la marche, en fin d’après-midi, de nombreux heurts ont en effet éclaté entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes particulièrement virulents, dégénérant en quasi guérilla urbaine avec la tombée de la nuit. “Des émeutes ont lieu à Bastia depuis 16h30”, a insisté en début de soirée le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, à l’AFP, “et les violences se poursuivent”. Vers 17h30, un incendie s’était déclaré dans les locaux la Direction départementale des Finances publiques de Bastia, tout comme à l’entrée de l’hôtel des impôts, dont les vitres avaient été brisées par les cocktails molotov. Et plusieurs feux de palettes étaient allumés sur la chaussée ici et là. “Le peuple corse tout entier est mobilisé contre l’injustice” Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse et ancien avocat d’Yvan Colonna, “il faut aller aujourd’hui au-delà des slogans”: “La colère et l’indignation s’expriment”, a-t-il concédé auprès de l’AFP, au départ de la marche, “mais ce qui compte, c’est que le peuple corse tout entier est mobilisé contre l’injustice, l’exigence de vérité et au-delà pour une véritable solution politique” entre l’État et la Corse. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se rendra en Corse mercredi et jeudi pour “ouvrir” un “cycle de discussions” avec “l’ensemble des élus et des forces vives de l’île”. Le gouvernement a “entendu les demandes des élus de Corse sur l’avenir institutionnel, économique, social ou culturel” de la Corse, ajoute le ministre, notamment “celles du président du conseil exécutif, Gilles Simeoni”, qui réclame entre autres revendications un statut d’autonomie pour la Corse. Selon la préfecture, quelque 7.000 personnes ont manifesté dimanche à Bastia, 12.000 selon les organisateurs du rassemblement. Près du double par rapport au dimanche précédent à Corte. Pour Marité Costa, 58 ans, cette colère s’explique: “On dit ‘les jeunes, c’est des casseurs’, mais c’est pas des casseurs, ils se battent. C’est grâce à eux que ça a bougé”. La quinquagénaire fait référence à la décision du Premier ministre Jean Castex de lever le statut de “détenu particulièrement signalé” (DPS) de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, deux autres membres du “commando Érignac” encore détenus sur le continent. Statut qui bloquait le rapprochement des trois hommes dans une prison corse. “C’est trop tard! Les Corses ne sont pas dupes. On se fout de notre gueule”, a estimé Antoine Negretti, 29 ans. “S’il y a des violences, ça sera la responsabilité de l’État. En sept ans, rien n’a avancé, et en sept jours de violences, les choses ont bougé. La violence est nécessaire.” La découverte juste avant la manifestation d’un stock d’environ 300 cocktails molotov avait déjà indiqué l’ambiance, malgré de nombreux appels au calme ces dernières 48 heures. “Si l’émotion est légitime, elle ne peut et ne doit conduire à la violence”, avaient ainsi estimé quelque 60 maires et élus de Haute-Corse dans une motion. ----- Abonnez-vous à la chaîne YouTube du HuffPost dès maintenant : https://www.youtube.com/c/lehuffpost Pour plus de contenu du HuffPost: Web: https://www.huffingtonpost.fr/ Facebook: https://www.facebook.com/LeHuffPost/ Twitter: https://twitter.com/LeHuffPost Instagram: https://www.instagram.com/lehuffpost/ Pour recevoir gratuitement notre newsletter quotidienne: https://www.huffingtonpost.fr/newsletter/default/
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